L’Enfer d’Henri Georges Clouzot

L’Enfer d’Henri  Georges Clouzot
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L’Enfer d’Henri Georges Clouzot
Éditeur : MK2 Editions
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h34
Sortie : 17/03/2010

En 1964, Henri-Georges Clouzot choisit Romy Schneider, 26 ans, et Serge Reggiani, 42 ans, pour être les vedettes de L'Enfer. Un projet énigmatique et insolite, un budget illimité, un film qui devait être un "événement" cinématographique à sa sortie. Mais après 3 semaines de tournage, le drame. Le projet est interrompu, et les images que l'on disait "incroyables" ne seront jamais dévoilées. Ces images, oubliées depuis un demi-siècle, ont été retrouvées et elles sont plus époustouflantes que la légende l'avait prédit. Elles racontent un film unique, la folie et la jalousie filmées en caméra subjective, l'histoire d'un tournage maudit et celle d'Henri-Georges Clouzot qui avait laissé libre cours à son génie de cinéaste. Jamais Romy n'a été aussi belle et hypnotique. Jamais un auteur n'aura été aussi proche et fusionnel avec le héros qu'il a inventé. Serge Bromberg et Ruxandra Medrea réussissent ici une "recomposition" de l'œuvre disparue, créant un nouveau film qui raconte l'histoire de ce naufrage magnifique et qui permet au projet d'exister enfin.

RECONSTRUCTION

Cinquante ans, ou presque. Il y a presque cinquante ans que les images de L’Enfer de Clouzot dorment dans des cartons, quelques indices oubliés de ce qui aurait pu donner un chef d’œuvre. Serge Bromberg, qui, depuis 1984, a travaillé à la sauvegarde d’une foule de films rares, ne peut voir en L’Enfer que son acmé de chercheur-cinéphile, tournage maudit dont il ne reste que quelques traces – mais quelles traces. L’histoire est simple : un homme (Reggiani), la quarantaine, mariée à une jeune femme de 26 ans (Schneider) souffre de jalousie jusqu’à la névrose. Et, d’une crise à une autre, son esprit divague, se perd. Errance dans des fantasmes visuellement fascinants, Romy Schneider auréolée de couleurs psychédéliques, la peau pétillant sous les paillettes et effets visuels, échappée mentale exclusivement gouvernée par les sens. On ne saura jamais ce qu’aurait pu donner le film fait, mais le documentaire de Bromberg et Medrea ouvre grand le coffre à fantasmes.

L’autre mystère tient du pourquoi. Pourquoi un tel naufrage, comment ce tournage de quatre mois en a été réduit à 3 semaines avant de s’échouer définitivement ? Voici là l’autre fascination exercée par le documentaire, l’impression qu’un glissement s’opère, que le film est maudit, sans qu’une raison évidente n’apparaisse jamais vraiment. Budget illimité, film sur un vertige, traitement visuel comme sous psychotropes, L’Enfer semble juste s’être noyé dans sa propre ivresse, contaminé Reggiani, malade, Clouzot, à plat. Restent quelques fantômes, dans ce film sur cet enfer, et sur la création en général. Les réalisateurs confient à Bérénice Béjo et Jacques Gamblin la mission périlleuse de rejouer certaines scènes, puisqu’il ne reste pratiquement que des séquences muettes, et quelques boucles sonores. En contrepoint total au film de Clouzot, c’est un dénuement absolu qui est choisi, comme une lecture entre les deux comédiens, parce qu’on ne peut pas rejouer ces scènes là, seulement les fantasmer, tracer quelques pointillés entre les bobines. Splendeur de ce doc qui n’est pas dans l’exhumation explicative mais qui donne à voir quelques secrets magnétiques tout en conservant leurs mystères.

par Nicolas Bardot

Bonus

Une présentation de Serge Bromberg explique comment ce projet a pu voir le jour, et communique en quelques minutes toute la passion du cinéaste pour ce film. Par ailleurs, dans le bonus Ils ont vu l’enfer, des archives inédites et des entretiens viennent prolonger le voyage du documentaire, pendant près d’une heure. Une édition dvd exemplaire.

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