Just a Kiss
De Loach Ken
Éditeur : Diaphana
Zone 2
Nombre de disques : 1
Sortie : 20/01/2005
Quand Casim le Paki rencontre Roisin la "Gori" (Occidentale), ils tombent amoureux au premier regard. Mais la famille de Casim, rompue aux règles communautaires, ne l’entend pas ainsi...
SCOTLAND AND FREEDOM
On était en droit d’appréhender le retour de Ken Loach en Ecosse. Pour sa troisième participation avec le scénariste Paul Laverty, après My Name is Joe et Sweet Sixteen, le cinéaste anglais semblait, au vu des notes d’intention, parti sur une pente périlleuse. Fable communautaire post-11 septembre, Just a Kiss s’annonçait comme une resucée bien-pensante et gentiment anti-raciste de Roméo et Juliette. Après visionnage, on est rassuré. Certes, le film n’essaie en aucun cas de nous surprendre et marche dans les pas d’un scénario carré et joliment écrit, mais il ne cède pas pour autant à la facilité. S’il ne déploie pas la même audace qui avait fait de sa participation au film collectif 11'09"01 - September 11 un contre-point intelligent, avec l’uppercut sonore d’Iñarritu, aux sucreries mièvres d’un Lelouch, Loach évite avec justesse et humour les clichés redoutés. Aussi, passé la crainte, l’on s’installe plutôt confortablement dans le quotidien d’une Ecosse pas encore brossée par le réalisateur, bouffée par la religion, l’intolérance et le racisme insidieux.
DAYS OF HOPE
Comme à l’accoutumée généreuse en détails et rompue à un vérisme joyeux, la caméra de Loach capte sans effet ce petit monde, n’hésitant pas à sortir des rails de la grisaille à laquelle sa récente filmographie nous avait habitués. On pourra s’agacer des looks proprets des deux héros, ou bien voir dans leurs jolis ébats amoureux et leur escapade espagnole un regain d’optimisme inopiné chez le Britannique. En effet, derrière un propos politique clair et efficacement amené, s’échafaude un joyeux conte moral mais jamais moralisateur, parfois triste, souvent drôle et autorisant des espoirs mesurés de happy end. La méthode Loach – décors et lumière naturels, prise de son directe, acteurs pour la plupart débutants, accents à couper à la hache et précision documentaire – fait le reste, apportant à l’ensemble un naturel confondant et aux moindres soupirs des comédiens un poids émotionnel captivant. On se permettra cependant de regretter que le projet esthétique ne rivalise pas toujours avec les ambitions narratives, ou tout du moins pas autant que par le passé. Reste que le passage de Loach sur la voie de l’optimisme se fait, contre toute attente, sans heurts majeurs. On l’encouragerait presque à persévérer…
Bonus
TF1 Vidéo/Diaphan semble appliquer pour l'édition du DVD la devise de Ken Loach: simplicité et économie. Tandis que l'image est parfaitement restituée avec sa saturation et son grain, les suppléments ne sont que peau de chagrin: outre la publicité pour le coffret Ken Loach et quatre bandes-annonces de prochains DVD de l'éditeur, nous n'avons droit concernant Just a Kiss lui-même qu'à une galerie photos et un making of d'une vingtaine de minutes.
Outre les congratulations de rigueur, ce making of revient rapidement sur les méthodes du réalisateur: son sens de l'"économie" (de déplacements de caméra, de décors, d'éclairages…) ou encore sa qualité appréciée de laisser les acteurs improviser… Le film étant dédié à sa mémoire, un petit hommage à Martin Johnson est aussi présent; chef décorateur avec lequel Loach travaillait depuis trente ans, il est décédé d'un cancer à la fin du tournage, non sans avoir travaillé depuis son lit d'hôpital à Glasgow. Enfin, les acteurs expliquent en quelques phrases à quel point ils ont été eux-mêmes plus qu'ils n'ont joué, et en remercient leur réalisateur.
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Interactivité :
TF1 Vidéo/Diaphan semble appliquer pour l'édition du DVD la devise de Ken Loach: simplicité et économie. Tandis que l'image est parfaitement restituée avec sa saturation et son grain, les suppléments ne sont que peau de chagrin: outre la publicité pour le coffret Ken Loach et quatre bandes-annonces de prochains DVD de l'éditeur, nous n'avons droit concernant Just a Kiss lui-même qu'à une galerie photos et un making of d'une vingtaine de minutes.
Outre les congratulations de rigueur, ce making of revient rapidement sur les méthodes du réalisateur: son sens de l'"économie" (de déplacements de caméra, de décors, d'éclairages…) ou encore sa qualité appréciée de laisser les acteurs improviser… Le film étant dédié à sa mémoire, un petit hommage à Martin Johnson est aussi présent; chef décorateur avec lequel Loach travaillait depuis trente ans, il est décédé d'un cancer à la fin du tournage, non sans avoir travaillé depuis son lit d'hôpital à Glasgow. Enfin, les acteurs expliquent en quelques phrases à quel point ils ont été eux-mêmes plus qu'ils n'ont joué, et en remercient leur réalisateur.