Insoumis (Les)
De Rome Claude-Michel
Éditeur : M6 Vidéo
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h40
Sortie : 07/01/2009
Drieu est un policier en fin de parcours, usé, brisé, grillé. Ce mystérieux capitaine de la B.R.B se retrouve muté dans un improbable commissariat de province promis à une démolition dans les six mois, au cœur d'une ville industrielle perdue au bout de l'étang de Berre, entre pollution et canicule. Ici, le commissaire Vasseur et son équipe, Jean-Ba, Wazeme, Katiha, sont démobilisés. Plus personne n'y croit. Laxisme et désillusion sont de règle, ce qui arrange les "affaires" de la pègre locale rendue insaisissable et toute puissante. Entre l'envie d'en finir avec lui-même et celle de se battre pour sa propre survie, Drieu remarque pourtant certains détails troublants au milieu des misérables affaires en cours. Peu à peu, presque sans le vouloir, il va mettre à jour ce que plus personne ne voulait voir. Bientôt, d’autres que lui vont espérer que sa vie s’arrête. Pour chacun, l’heure des vrais choix approche.
FRANCE CONNEXION
Claude-Michel Rome, la fiction policière, ça le connaît. Heureux réalisateur et scénariste des sagas de l’été Zodiaque, d’épisodes de séries comme Le Grand Patron, Femmes de loi ou du téléfilm Dans la tête du tueur (Grand prix de la fiction au festival de Luchon 2005 et International Emmy Award du meilleur comédien pour Thierry Frémont), Rome franchit le pas en passant du petit au grand écran format scope et super 35. Et comme pour marquer le coup, il habille son sujet d’une belle influence western. Bref, les défis, ça ne lui fait pas peur et de l’ambition, il n’en manque pas. Seulement, à trop vouloir bien faire, on a l’impression qu’il se brûle un peu vite les ailes en arrivant difficilement à s’émanciper des codes du nouveau polar à la Olivier Marchal (36 quai des orfèvres, (MR 73) où l’image surtravaillée côtoie un scénario profond et fouillé et une mise en scène aux petits oignons. Car même si tous les efforts sont fournis au niveau de la forme, c’est plutôt le fond qui pèche : quelques raccourcis faciles et un peu grossiers, une ou deux scènes gratuites, des répliques un peu trop appuyées et auto-satisfaites et surtout un personnage central à la description surchargée et pas assez subtile. A croire qu’il n’a pas su perdre certains tics de fiction télé. Rajoutons à cela une séquence finale pas assez frontale, c’est à dire loin des Nid de guêpes, Assaut ou Fort Alamo (références obligatoires des embuscades en huis-clos) qui savaient rendre une tension palpable et une action très percutante, et vous obtenez la liste complète de ces petits défauts qui jalonnent le film. Mais ne vous méprenez pas non plus. Des qualités, Les Insoumis en possède quand même et pas des moindres. Ciel de plomb et menus larcins qui cachent de gros poissons, villes fantômes et désillusion amère de ses habitants, couleurs oppressantes et poussière suffocante, l’atmosphère western qui parcourt le film jusque dans son échine sait ajuster cette vision bien particulière pour offrir une simple mais très appréciable singularité qui manque juste d’un peu plus de conviction et d’une personnalité plus affirmée. Si Rome continue sur sa lancée, nul doute que la prochaine fois sera la bonne. En l’état le coup d’essai est déjà plus que louable.
Bonus
L’édition DVD du film proposé par SND contient deux bonus, le making of et la bande-annonce en plus du commentaire audio du réalisateur. Ce premier est découpé en thèmes où se mélangent interviews (réalisateur, acteurs, décorateur, chef opérateur, conseiller cascade, cascadeur), images de tournage, extraits du film, le tout sur fond noir et blanc et couleur. Ce choix thématique permet de se concentrer sur les éléments clés du métrage qu’ils soient humains (Flics de proximité, avec des commentaires des acteurs), logistiques (Le huitième personnage – qui nous apprend que sur 9 semaines de tournage, 6 ont eu pour cadre le commissariat), ou encore techniques (L’Art du Travelling), pour ne citer que ces trois. Il permet ainsi au spectateur d’avoir un aperçu de la préparation de l’impressionnant assaut final. Un petit bémol cependant pour la préparation et le tournage de la scène de cascade située au début du film qui sont sous-developpés et donnent envie de bien plus. Ce making of très stylisé (usage du split-screen) est, bien qu’inégal, une mine d’informations très agréable à regarder.