Hell

Hell
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Hell
De Fehlbaum Tim
Éditeur : M6 Vidéo
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h29
Sortie : 13/06/2012
Note du film : *****-

Le monde tel que nous le connaissons n’existe plus. Depuis des années, la surface du globe est brûlée par les rayons du soleil, les terres sont asséchées, désertiques, la nourriture se fait rare. Marie, Phillip et Léonie font route vers les montagnes dans l’espoir d’y trouver un peu d’eau. Mais ils ne sont pas seuls dans ce cas… Débute alors leur combat pour arriver à survivre dans un monde sans espoir.

PETRIFIED FOREST

Triste sort que la tiédeur souvent réservée aux films fantastiques qui prennent le parti de l’anti-spectaculaire. A fortiori en festival, où l’enchainement des séances peut nuire à la concentration, ceux-ci se retrouvent régulièrement sacrifiés sur l’autel du divertissement. Hell n’est pas un coup d’éclat flagrant, il est trop discret pour cela, mais c’est une véritable réussite. Bien qu’il s’agisse d’un film allemand, on ne peut pas vraiment le rapprocher de l’école berlinoise et l’inquiétante étrangeté de ses portraits psychologiques troubles, le genre est ici celui du simple survival. Et pourtant le réalisateur partage avec cette bande-là une qualité remarquable: une sorte de don scénaristique pour la véracité de chaque scène, chaque personnage. En misant sur des dialogues et des attitudes hyperréalistes (qui du coup surprennent dans un film de genre, c’est presque un comble), le film rend immédiatement ses personnages plus crédibles, plus attachants qu’ailleurs, et leur calvaire plus angoissant. Ici, aucune explication superflue sur les backgrounds des personnages ou sur la nature exacte de leur relation (et pas non plus d’histoire d’amour rajoutée pour créer artificiellement de la tension).

Là où Hell se distingue également du tout-venant, c’est dans la manière assez surprenante de Tim Fehlbaum d’agencer son récit. C’est une qualité qui ne trompe pas : la capacité à ne pas se contenter d’un protagoniste unique, de changer de focalisation en passant d’un personnage à l’autre sans jamais perdre de vue le fil de son récit est un talent rare. Quoi que l’on pense d’un film, cela témoigne d’une aisance et maturité d’écriture peu commune. Mine de rien, cette esquive permanente (on perd des personnages de vue, en récupère certains au passage…) fait énormément en filigrane pour l’angoisse du récit et l’incertitude de sa résolution. Car Hell n’oublie pas d’être tendu (et la modestie n’est pas l’ennemie de l’efficacité), à l’image d’une scène de raid en voiture volée pleine d’adrénaline.

A l’image de son titre moins passe-partout qu’il n’y parait (le titre allemand original signifie également « lumière vive », ce qui fait écho à la chaleur écrasante qui règne dans le film), Hell s’enrichit parfois de nuances inattendues, tel un côté conte de fée noir, lors d’une rencontre dans une église, ou d’une errance dans une forêt calcinée fort cinégénique. Autre élément de crédibilité : un casting particulièrement convainquant parmi qui on retrouve Lars Eidinger, qui depuis Everyone Else et Code Blue, est des paris les plus audacieux. Et puis au final, comment ne pas aimer un film où le dernier vestige de la civilisation passé est un tube de Nena ?

par Gregory Coutaut

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