Harry Potter et le Prince de sang mêlé
De Yates David
Éditeur : Warner Home Vidéo
Zone 2
Nombre de disques : 2
Durée : 2h07
Sortie : 18/11/2009
L'étau démoniaque de Voldemort se resserre sur l'univers des Moldus et le monde de la sorcellerie. Dumbledore est plus décidé que jamais à préparer Harry à son combat final, désormais imminent. Ensemble, le vieux maître et le jeune sorcier vont tenter de percer à jour les défenses de Voldemort.
RENTREE DES CLASSES
Après les deux premiers chapitres, réalisés par Chris Columbus - qui gardera le mérite d’avoir instauré l’univers par nombre de choix (de casting, de direction artistique, etc.) – la saga Harry Potter avait pris un bon rythme de croisière à partir du troisième volet, signé Alfonso Cuaron. Les épisodes suivants, réalisés par Mike Newell et déjà David Yates, avaient su pareillement adapter les livres de manière plus convaincante que sous Columbus. Fort de son succès sur le précédent opus, Yates, d’ores et déjà engagé pour s’occuper du diptyque final tiré du septième ouvrage, revient pour mettre en scène le tome considéré par beaucoup comme l’un des deux meilleurs de la série. Cependant, tandis que les premières images et premiers échos nous donnaient une confiance aveugle, ce sixième film est loin de combler les attentes. Sans pour autant retomber au niveau des deux premiers essais, Harry Potter et le Prince de sang-mêlé s’avère inférieur aux trois réussites qui le précèdent. Résultat d’autant plus incompréhensible que Yates s’annonçait comme le réalisateur le plus intéressant de la franchise avec Cuaron, et que Steve Kloves, scénariste de tous les épisodes excepté le cinquième, semblait avoir enfin trouvé la formule correcte pour adapter en un long métrage de deux heures et demie les longs romans de J.K. Rowling. Parce que c’est bien au niveau de l’écriture que cette nouvelle aventure pèche. Kloves avait su digérer une enquête épisodique similaire pour Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban et sous l’égide de Yates, Harry Potter et l’Ordre du Phénix parvenait à obtenir un thriller épuré à partir d’un livre où il ne se passait pas grand chose. Et pourtant, avec un matériau de base envoûtant, offrant une investigation riche en secrets découverts, ils proposent un film inégal, moins entraînant qu’espéré et s’attardant beaucoup trop sur les romances adolescentes de ses protagonistes.
UN ELEVE PLEIN DE POTENTIEL
Loin d’adopter un rythme boîteux comme les deux premières années à Poudlard, la structure s’articule néanmoins de manière malaisée entre les amourettes des héros et les étapes nécessaires de l’intrigue. Lorsque le récit bascule sur ces séquences-là, il se fait tout de suite plus satisfaisant, et ne déçoit pas. Les scènes développant la relation entre le jeune Harry et son mentor Dumbledore, faisant replonger les personnages dans d’antiques souvenirs, ou encore celles suivant Drago, aussi courtes soient-elles, se font effectives, au même titre que les séquences d’action telles que l’attaque du Millenium Bridge de Londres et autres par les Mangemorts sans oublier les Inferi et l’embrasement final… C’est la grande classe. Après le directeur de la photographie de Kieslowski, Yates est parti chercher celui de Jean-Pierre Jeunet, Bruno Delbonnel, avec qui il fait des merveilles. Le film évolue de teintes bleues en teintes sépia pour aboutir à une atmosphère magique et onirique, perpétuellement ancrée dans une réalité sombre, même lors des rares moments de joie que connaissent les compagnons à l’écran. Témoignant de la même personnalité que sur son premier effort, le réalisateur continue de se réapproprier certains effets (dont ceux, magnifiques, de la Pensine) et s'impose définitivement comme l’un des auteurs les plus originaux de la saga. Hélas, quelque chose dans la sauce ne prend pas. Peut-être était-ce plus facile de tailler dans le bouquin précédent que dans celui-ci, mais le film ne coupe pas là où il faut. On garde les scènes de Quidditch, évincées des films 4 et 5, mais on ne garde pas les souvenirs du passé de Voldemort ?).
PEUT MIEUX FAIRE
La grande qualité du film - qui était également la grande force du livre - est d'être très proche de ses personnages, de les nuancer. Dans le trio principal, même si on reste sur l'impression que cela prend trop le dessus sur la partie consacrée à l’enquête, qui tenait vraiment le lecteur en haleine, les histoires d’amour sont correctement rendues. Elles permettent quelques moments assez drôles (Ron & Lavande) et même assez touchants parfois (Hermione et les oiseaux, Harry et Ginny dans la Salle sur Demande). Toutefois, ceux qui ont le plus à gagner de ce temps accordé à explorer ce qui fait tiquer les protagonistes sont les personnages secondaires. Rogue revient sur le devant de la scène dans un rôle plus ambigu, moins gimmick qu’à l’accoutumée. Il en va de même pour Drago qui s’extrait quelque peu de son statut de Némésis fonctionnelle. Et puis il y a évidemment Dumbledore, qui n’est plus le papy gâteau qu'on nous présente depuis le début. Ici, il se révèle plus manipulateur que bienveillant. Sacrifier quelque peu l’intrigue au profit des personnages est un choix plutôt noble, et la fin n’en est que d’autant plus émouvante, mais au final, l’ensemble était plus prenant et équilibré dans les précédents, l'action y était plus dantesque, et même l'émotion y était plus forte. Si tout le film était du niveau de son premier plan, choix absolument sublime dans sa simplicité qui en dit long sur l’ambiance régnant sur ce sixième opus, le film serait parfait. Au demeurant, ce sixième Harry Potter, et son réalisateur, ne déméritent vraiment pas, mais il n'est pas à la hauteur des trois derniers films, qui avaient vraiment rehaussé le niveau.
Bonus
Les éditions DVD du petit sorcier de Poudlard se suivent et se ressemblent, tant l'éditeur tente à chaque fois de fournir un maximum d'interactivité sur les éditions collector. Et cette double édition d'Harry Potter et le Prince de sang mêlé de ne pas déroger à la règle même si cela peut parfois plus ressembler à du promotionnel qu'à du supplément réellement immersif. Le segment Gros plan sur les acteurs du film joue sur les mots puisque les principaux protagonistes du film y présentent les différentes étapes techniques (montage, effets spéciaux de plateau, dresseur, cascadeur, costumes, graphisme, maquillage). D'une durée correcte de trente minutes, ce bonus semblera très intéressant pour les novices mais peut-être un peu trop enfantin pour les connaisseurs. Mais force est de reconnaître que l'ensemble passe tout de même comme une lettre à la poste puisqu'on laisse la parole à des corps de métiers que l'on à trop peu l'occasion d'entendre. Une année dans la vie de J.K Rowling est un vrai documentaire. D'une durée de 47 minutes, il constitue à la fois le bonus le plus complet mais aussi le plus lourd. Autant, on comprend sans problème sa présence sur le disque, autant son ton scolaire et "à l'américaine" fera peut-être passer l'ensemble pour indigeste. Entre analyse et parallèles, J.K Rowling et le narrateur reviennent sur la conception de la saga entière mais surtout sur l'écriture du septième et dernier volume de la série. On nous confirme bien aussi que l'auteur n'a jamais hésité à s'inspirer de ses souvenirs personnels pour y puiser certains points d'inspiration. Le module Entraînement d'une minute est, à la manière d'un "Questions pour un champion", un bonus où les acteurs reviennent sur l'évolution de leur personnage depuis maintenant six films. Le segment A quoi pensez vous ? est un petit module divertissant pour en apprendre un peu plus sur la personnalité des comédiens à travers un jeu de questions-réponses. Le monde ensorcelé d'Harry Potter est, quant à lui, une featurette promotionnelle prévenant de la future attraction Harry Potter au parc Universal en Floride. Amateur de ces lieux magiques, préparez-vous à découvrir quelque chose de fantastique. Enfin, les suppléments se terminent sur un lot de huit Scènes supplémentaires qui n'apportent finalement que très peu d'eau au moulin. En résumé, ce sixième DVD des aventures de Harry Potter fournit suffisamment de bonus intéressants pour que l'on se penche dessus sans avoir l'impression de perdre son temps. Par les temps qui courent, ce n'est pas négligeable.