God Bless America
De Goldthwait Bob
Éditeur : Potemkine
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h44
Sortie : 05/02/2013
Seul, sans boulot, gravement malade, Franck sombre dans la spirale infernale d'une Amérique déshumanisée et cruelle. N'ayant plus rien à perdre, il prend son flingue et assassine les personnes les plus viles et stupides qui croisent son chemin. Bientôt rejoint par Roxy, lycéenne révoltée et complice des plus improbables, c'est le début d'une équipée sauvage, sanglante et grandguignolesque sur les routes de la bêtise made in USA.
CHUTE LIBRE
Chronique d'un ras le bol résultant de la bêtise ordinaire, God Bless America découle totalement de ce ciné indé qui tente de la jouer solide satire visuelle en cherchant l'écho qui résonnerait en chacun des spectateurs (bon c'est vrai, qui n'a jamais eu envie de buter son pénible voisin, de brûler vif les animateurs de télé et leurs shows abrutissants, ou même d'égorger les petits cons insolents et irrespectueux des salles de ciné?). Mais au-delà de cette thérapeutique croisade sanglante (et quand même un peu jouissive avouons-le) pour ces deux « exclus » autoproclamés Bonnie & Clyde du quotidien, que reste t-il à prendre ? Pas forcément grand-chose en fait.
Premièrement parce que le réalisateur/scénariste tente de mettre le spectateur face à sa propre condition de citoyen dont l’entourage a perdu valeurs, honneur et éducation tout en pointant du doigt la superficialité dans laquelle s'embourbe son pays. Mais la forme un peu trop grossière et les gros sabots de l’affaire donnent plus l’impression de tirer sur l’ambulance qu'autre chose. Ensuite, parce que son film rappelle en tout point Super de James Gunn (Horribilis) qui développait la même idée d’un homme lambda, au physique et quotidien de Mr-tout-le-monde, s’improvisant justicier de la morale et rejoint dans sa quête par une sidekick adolescente un peu givrée. De là à dire que Goldthwait a complètement copié son histoire sur celle de son voisin, il n’y a qu’un pas qu’on peut franchir aisément tant la comparaison parait évidente (ah non pardon, ici les héros ne sont pas costumés)!
Bref, maintenant que l’on a vu que le mauvais élève n’était pas forcément celui qu’on croyait, toute la légitimité de l’œuvre prend un coup dans l’aile. Et le film de se regarder désormais comme une sorte de simple pamphlet manquant cruellement de causticité où l'on acquiescerait poliment de la tête là quand son ainé arrivait à confronter l'humour et la satire à l'absurdité tout du long, rendant son film autrement plus touchant. Et pourtant celui-ci aura l’honneur d’une sortie salle alors que l’autre a dû se contenter d’une sortie DVD en catimini. C'est vrai finalement que le monde est cruel et complètement à côté de la plaque…
Bonus
Potemkine Films nous permet, avec les nombreux suppléments dont est doté le Blu-Ray de God Bless America, d’éclairer ce que nous ne faisions que pressentir. Un making of de 27 minutes nous montre à quel point Bobcat Goldthwait s’est entouré d’amis proches pour réaliser ce film. L’aspect joyeusement iconoclaste et jubilatoire du tournage apparaît dans ce documentaire et explique l’énergie communicative ressentie à la vision du film. Il illustre également un aspect un tantinet plus gênant, celui du sérieux fondamental du message que souhaite faire passer le réalisateur. On peut ne pas souhaiter le suivre dans sa vision caricaturale et quelque peu réactionnaire de la société. Un entretien de 13 minutes avec Bobcat Goldthwait permet de constater que celui-ci ne boude pas sa joie de revenir enfin en haut de l’affiche après des faits d’arme qui datent des années 80 (souvenons-nous des Police Academy). Un entretien de 14 minutes avec Tara Lynne Barr et Joël Murray montre, au-delà de la complicité évidente qui lie les deux acteurs, la manière dont ont été réalisées certaines des scènes les plus attachantes du film qui ont visiblement été totalement improvisées. God Bless TV est un montage de scènes, vues à la télévision par Bobcat Goldthwait, puis réinterprétées et re-filmées avec des acteurs. Le fait de les voir au premier plan accroît encore la jubilation mêlée de gêne que l’on peut ressentir en les regardant. Enfin, nous avons droit à deux minutes de scènes coupées au montage.