Géronimo
Éditeur : Sidonis
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h55
Sortie : 21/09/2016
1885. Une seule tribu tient encore tête à l'armée et aux colons, celle des Apaches Chiricahuas. Le lieutenant Gatewood est chargé de prendre contact avec leur chef, Géronimo. Ce dernier se rend au général Crook mais Géronimo et son peuple sont parqués dans une réserve trop petite pour eux, Turkey Creek. Géronimo repart alors en guerre et refuse de croire le général Crook...
Sous-titré An American Legend lors de sa sortie américaine, Geronimo se veut une grande fresque humaniste prenant le parti d’apaches refusant les conditions de paix proposés par les « yeux clairs », un film à grand spectacle comme on n’en fait plus, rappelant quelques vérités certainement pas toujours bonnes à dire. Casting prestigieuse (Matt Damon, Gene Hackman, Robert Duvall, Jason Patric) et équipe technique de luxe (John Milius au scénario, Joe Alves aux décors, Ry Cooder à la musique) à l’appui, ce western, genre autour duquel Walter Hill a longtemps tourné, marque pourtant le début de sa lente descente aux enfers, lui qui dans les années 80, à l’instar d’un John Badham ou d’un Alan Parker, était l’un des réalisateurs les plus courtisés d’Hollywood : échecs successifs, films tournés sous pseudonyme, l’époque glorieuse des 48 heures et autres Guerriers de la nuit est bel et bien terminée. Bizarrement, ce Geronimo marque justement une charnière, comme si avec ce film le réalisateur rentrait dans le rang, abandonnait son imagerie à la Peckinpah pour un film un rien longuet parasité par une voix off surabondante. Alors certes il reste quelques gunfights filmés au ralenti sous plusieurs angles, signature du bonhomme, mais le film cherche sa voie ailleurs, dans la beauté des paysages (quoiqu’un peu trop filtrés à l’orange), dans l’émotion qui se dégage parfois de ces plans montrant les conditions d’apaches enfermés dans des réserves sans aucun droit, dans la fascination du jeune héros pour les coutumes de ces mêmes apaches, dans la décision du gouvernement américain de faire d’eux de braves fermiers. La honte, le dégout, autant de sentiments qui reviennent fréquemment dans le film. Si le film avait été un succès, nul doute que la carrière de Hill s’en serait trouvée changée et qu’il n’aurait pas enchainé avec son pitoyable Dernier recours, dans lequel Bruce Willis se prend pour Toshirō Mifune. Malgré les défauts de ce Geronimo, on peut trouver cela dommage.
Bonus
La présentation du film par Patrick Brion et Bertrand Tavernier, rendez-vous traditionnel des amateurs de westerns édités par Sidonis, est ici une petite perle permettant de redécouvrir ce film méconnu et de prolonger son plaisir à travers 35 minutes de propos et d'interview du réalisateur.