Empreinte de la mort (L')

Empreinte de la mort (L')
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Empreinte de la mort (L')
De Martinez Philippe
Éditeur : Studio Canal
Zone 2
Nombre de disques : 1
Sortie : 08/08/2005
Note du film : *****-
Note FilmDeCulte : *****-
Location DVD online
Louer L'empreinte De La ...
en DVD ou Blu-ray pour 1.95€
DVD

Ben Archer tente aujourd’hui de vivre des jours paisibles, après avoir mis de côté son passé d’ancien membre de la mafia marseillaise. Suite au meurtre violent de sa femme par des triades chinoises, il décide de faire justice lui-même, et de sauver son fils, détenu en otage.

MORTAL KOME BACK

Premier plan, première image choc, Van Damme cadré en gros plan, sur fond noir, sans musique, immobile… La caméra recule doucement et découvre deux cadavres allongés devant lui. En un seul mouvement de caméra d’une cruelle beauté, le réalisateur Philippe Martinez (lire l'entretien) déjoue tous les pièges tendus trop facilement par le genre dans lequel il évolue. Dès cette majestueuse ouverture, L'Empreinte de la mort provoque un radical contraste avec les dernières productions van dammiennes (Derailed ou The Order), contraste déjà prégnant dans le récent In Hell, réalisé par Ringo Lam, cinéaste par ailleurs pressenti à l’origine pour réaliser ce nouveau film. In Hell, L'Empreinte de la mort, deux films incroyablement brutaux, sans la moindre concession, qui ne fonctionnent qu’au premier degré, risquant même par moments la carte de la poésie. C’est que l’acteur change depuis quelques années, extériorisant de plus en plus son jeu et ses émotions, révélant un visage aux contours ridés et émaciés, n’hésitant plus à se mettre en danger dans des scènes terriblement émouvantes… On pense parfois à la veine frontale de Clint Eastwood, et le personnage de Ben Archer reste le justicier le plus violent depuis l’inspecteur Harry. Il n’est donc pas réellement étonnant de le voir aujourd’hui choisir un tel projet, totalement réjouissant, monstrueux patchwork d'influences diverses et plus originales que les autres, une sorte d'œuvre hybride qui hésite constamment entre la série B classique et le film d’action expérimental. Kaléidoscope d’images, montage parfois ultra-cut, ralentis, accélérés violents, plongées, contre plongées, etc., le cinéaste utilise toutes les possibilités du langage filmique qui s’offre à lui, pour mieux les intégrer dans un ensemble d’une homogénéité visuelle exemplaire.

HOTEL MARTINEZ

Sans être un créateur hors pair, Philippe Martinez se révèle un excellent recycleur d’images, voire même un mixeur d’icônes. Au-delà même de la très belle photographie et de la poésie – morbide parfois – de certaines scènes, la principale qualité du film, son principal intérêt sans doute, serait la réappropriation d’images appartenant à un inconscient cinéphile. Une façon de digérer ces images pour mieux en éclabousser le spectateur lors de séquences d’une violence parfois insoutenable. Automatiquement, lorsqu’on appréhende ce genre de produit, l’on pense rapidement à John Woo ou John McTiernan, les deux réalisateurs les plus copiés par l’ensemble de la production hollywoodienne d’action des quinze dernières années. Et certaines scènes ne manquent pas de se rapprocher d’un Volte/Face, par exemple (l’arrivée à l’aéroport)… pour mieux s’en détourner par la suite. Curieusement, par le découpage, les cadrages volontairement serrés, les nombreuses contre plongées, on se retrouve quasiment en face d’un objet déviant, déréglé, amoral, faisant référence à Takeshi Miike. Coïncidence ou hommage conscient, peu importe, et le film de dérouler une somme d’icônes plus propres aux cinémas de Wong Kar-Wai (vision accélérée des rues la nuit), Takeshi Kitano (la fixité statufiée des personnages dans les premières scènes), ou Gus Van Sant (les nuages qui défilent en accéléré), qu’aux films précédents de la star belge. Cadrés dans des vignettes de bande dessinée, déifiés ou au contraire rabaissés par une caméra utilisée dans un rapport invariablement vertical, les personnages évoluent ainsi au milieu d’un script carré, et cette Empreinte de la mort ne lasse ainsi pas de surprendre dans sa première partie. Il est dommage qu'une mauvaise gestion du rythme et une improbable dilatation du temps lors de certaines scènes viennent bouleverser le système progressivement mis en place (le film prend son temps, malgré sa courte durée d'1h26).

PLUS MORT QUE VIF

Problème de rythme, donc, mais problème qui s’efface rapidement dans une seconde partie qui parvient sans aucun mal à trouver son souffle, notamment grâce à la présence de l’acteur. On l’a dit, le film est hybride, jusque dans sa thématique. D’un côté, l’habituel personnage profondément moral de Van Damme (père aimant, criminel repenti, mari protecteur), de l’autre la lente descente aux enfers de ce même personnage, rejetant un à un tous ses principes les plus évidents. Van Damme, que l’on n’a jamais vu ainsi, déchargeant une telle puissance émotionnelle dans des scènes d’une beauté brute. Van Damme pleurant le décès de sa femme; Van Damme en larmes achevant un ennemi de ses mains nues; Van Damme intimant à son complice psychopathe d’achever son otage à la perceuse électrique… Une seconde partie absolument hallucinante, contenant en outre une séquence de torture quasi insoutenable, entrant directement au panthéon des meilleures scènes du genre, aux côtés de Reservoir Dogs et surtout de Marathon Man – la scène étant bien plus proche du second que du premier, en dépit du plan tarantinien désormais célèbre de la victime dans le coffre. L’acteur se révèle un tueur incroyablement expéditif et violent, dans une composition qui s’impose comme sa meilleure, loin devant celle pourtant mémorable de Replicant. Van Damme a changé, ses espoirs, ses idéaux sont loin aujourd’hui, sa naïveté aussi. Il n’est plus ce personnage drôle et généreux qu’il pouvait incarner dans le sympathique Cavale sans issue. Caractérisé par une succession de scènes impressionnantes, il incarne un nouveau vigilante désabusé, désillusionné, ayant perdu la plus petite parcelle de miséricorde. Une date dans sa carrière, et la victoire de ceux qui ont cru en lui depuis le début. En grande pompe, l’entrée dans la cour des grands. Tout simplement.

par Anthony Sitruk

Bonus

Surprise, après la sortie du film en salles et son relatif succès critique (à défaut de commercial, malheureusement), L’Empreinte de la mort débarque en DVD dans une très belle édition, sans doute pas aussi prestige que le titre l’indique, mais rendant parfaitement justice au film et à ses créateurs. Signalons tout d’abord la très belle photographie et le son 5.1 qui confèrent aux scènes cette atmosphère trouble et très 70’s voulue par le réalisateur. Signalons également le changement par Studio Canal (qui avait déjà édité un très bon DVD de Universal Soldier en juin 2005) de l’affiche médiocre de la sortie salle et son remplacement par une jaquette bien plus attractive.

Côté bonus, on commence avec un making of, de facture classique et bien entendu promotionnelle, mais suffisamment intéressant pour que sa durée (10 minutes seulement) en devienne frustrante. Propos des acteurs et du réalisateur, mise en avant de certaines scènes du film, le documentaire s’éloigne légèrement de l’habituelle featurette composée de simples extraits.

Le making of est accompagné d’un documentaire passionnant sur le travail de Rémi et Dominique Julienne, les cascadeurs de L’Empreinte de la mort, mais également de plusieurs James Bond, des films de Belmondo ou Delon, etc. Propos des cascadeurs, images issues du tournage des scènes d’action (les deux poursuites, celle en voiture, et celle à moto), le tout renforcé par la présence et les commentaires du cinéaste, décidément très présent sur l’édition.

On termine avec la bande annonce américaine du film et surtout, le gros morceau : cinq scènes commentées par Philippe Martinez, réalisateur. Martinez revient bien entendu sur sa collaboration avec Jean-Claude Van Damme et la façon dont il a essayé d’en faire un acteur. Il revient sur l’étrange première scène, mais également sur celles qui montrent Van Damme en larmes auprès du corps de sa femme. Révélant ses astuces de mise en scène et de direction d’acteur, le réalisateur (qui provient de l'univers théâtrale) se révèle absolument passionnant.

Seule ombre au tableau : Jean-Claude Van Damme se trouve étrangement absent de cette très belle édition, et n’apparaît dans aucun des bonus, sans doute échaudé par le sort qui lui est réservé depuis quelques années en France.

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Interactivité :

Surprise, après la sortie du film en salles et son relatif succès critique (à défaut de commercial, malheureusement), L’Empreinte de la mort débarque en DVD dans une très belle édition, sans doute pas aussi prestige que le titre l’indique, mais rendant parfaitement justice au film et à ses créateurs. Signalons tout d’abord la très belle photographie et le son 5.1 qui confèrent aux scènes cette atmosphère trouble et très 70’s voulue par le réalisateur. Signalons également le changement par Studio Canal (qui avait déjà édité un très bon DVD de Universal Soldier en juin 2005) de l’affiche médiocre de la sortie salle et son remplacement par une jaquette bien plus attractive.

Côté bonus, on commence avec un making of, de facture classique et bien entendu promotionnelle, mais suffisamment intéressant pour que sa durée (10 minutes seulement) en devienne frustrante. Propos des acteurs et du réalisateur, mise en avant de certaines scènes du film, le documentaire s’éloigne légèrement de l’habituelle featurette composée de simples extraits.

Le making of est accompagné d’un documentaire passionnant sur le travail de Rémi et Dominique Julienne, les cascadeurs de L’Empreinte de la mort, mais également de plusieurs James Bond, des films de Belmondo ou Delon, etc. Propos des cascadeurs, images issues du tournage des scènes d’action (les deux poursuites, celle en voiture, et celle à moto), le tout renforcé par la présence et les commentaires du cinéaste, décidément très présent sur l’édition.

On termine avec la bande annonce américaine du film et surtout, le gros morceau : cinq scènes commentées par Philippe Martinez, réalisateur. Martinez revient bien entendu sur sa collaboration avec Jean-Claude Van Damme et la façon dont il a essayé d’en faire un acteur. Il revient sur l’étrange première scène, mais également sur celles qui montrent Van Damme en larmes auprès du corps de sa femme. Révélant ses astuces de mise en scène et de direction d’acteur, le réalisateur (qui provient de l'univers théâtrale) se révèle absolument passionnant.

Seule ombre au tableau : Jean-Claude Van Damme se trouve étrangement absent de cette très belle édition, et n’apparaît dans aucun des bonus, sans doute échaudé par le sort qui lui est réservé depuis quelques années en France.

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