Dig!

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Dig!
De Timoner Ondi
Éditeur : TF1 Vidéo
Zone 2
Nombre de disques : 1
Sortie : 12/10/2005

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en DVD ou Blu-ray pour 1.95€

Complices d'autrefois, les gentils Dandy Warhols et les intenables Brian Jonestown Massacre ont débuté main dans la main, la guitare en bandoulière, avant de goûter à la triste réalité de l'industrie du rock et de se séparer avec pertes et fracas.

MONKEY BUSINESS

L'histoire, galvaudée et à dormir debout, pourrait être une gigantesque farce. Deux leaders charismatiques de la scène rock indépendante s'affrontent à tire-larigot, à coups de formules vicieuses et de grands bluffs médiatiques. Blur vs Oasis? Les Beatles ou les Rolling Stones? Les virées borderline de Pete Doherty, ex-électron libre des Libertines? Courtney Taylor (Les Dandy Warhols) et Anton Newcombe (les Brian Jonestown Massacre) n'en sont pas très loin. L'un a frôlé le firmament quand l'autre n'a pas décollé du macadam. La vaillante Ondi Timoner a suivi pendant sept ans les trajectoires opposées de deux groupes amis et rivaux, pétris de rancoeur et d'admiration, les premiers carriéristes et les seconds piètres boursicoteurs. Les serments éthyllico-narcissiques, les bastonnades en coulisses et les arrestations surprises n'ont rien à envier au cynisme des majors, à la camaraderie des labels et aux vacheries de part et d'autre. Le montage est avisé et Ondi n'en perd pas une miette. Déferlante Britpop aidant, les Dandy Warhols originaires de Portland se sont fait connaître outre-Manche grâce au single Bohemian Like You. Terrés dans l'ombre de ces petits frères modèles, les Brian Jonestown Massacre ont cumulé les faux départs et quintuplé les dérapages en concert. Connu pour son franc-parler et son extrême susceptibilité, Anton Newcombe est l'âme éparpillée d'une tripotée de mauvais garçons cyclothymiques. L'héroïne et l'alcool érigés en mascottes, les Brian Jonestown Massacre sont partis en quête d'un improbable succès, à défaut d'un inéluctable bain de sang.

LONESOME COWBOY

Fascinée par ces amitiés orageuses jamais avares de rebondissements, Ondi Timoner se veut l'oeil du cyclone, une éponge à l'affût du moindre vacillement. La durée du tournage ajoute à l'originalité du parti pris. Méli-mélo d'extraits de concerts sans-gêne, d'instantanés amers et de témoignages isolés, Dig! se délecte des clichés indéracinables du rock et détaille avec minutie les contradictions d'un microcosme sur le fil du rasoir. Le documentaire démarre sur les chapeaux de roue, Anton Newcombe se prépare ni plus ni moins à faire sauter l'industrie du rock et révolutionner le paysage sonore de ses contemporains. Sept ans plus tard, c'est à peine si l'industrie décriée a sourcillé. Pour balayer tout discours emphatique, Ondi Timoner fait appel à l'un des protagonistes, le clairvoyant Courtney Taylor, pour commenter en voix off l'ascension laborieuse des Dandy Warhols et les ratés spectaculaires des Brian Jonestown Massacre. L'implication du chanteur révèle bel et bien son attachement pour Anton l'illuminé. Et si Ondi Timoner s'attarde en fin de course sur les Dandy Warhols, c'est pour mieux clamer son amour pour les Brian Jonestown Massacre et revenir sur la personnalité hors norme d'Anton. Dig! ne montre pas seulement un antagonisme rebattu (hilarant la plupart du temps), il éclaire la sensibilité d'un artiste maniaco-dépressif dévoré par la musique et ses excès. Un lieu commun de la mythologie du rock, mais qui prend ici une résonance lucide et particulièrement émouvante. Au fond, les noms sont interchangeables. Remuant et plein comme un oeuf, Dig! encourage l'audace et la passion avant tout.