Des oiseaux petits et grands
Éditeur : M6 Vidéo
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h25
Sortie : 01/07/2010
Ente fable politique et déambulation chaplinesques, Pasolini suit les pas d'un père et de son fils, errant dans les interstices de l'Italie moderne. Les deux pèlerins rencontrent un corbeau doté de parole et fort inspiré de Marx, Freud, et Gandhi.
"L'absurde Toto, l'humain Toto, le fou Toto, le doux Toto...". C'est par ces mots en chanté que commence cette fantaisie qui constitue le dixième film du poète marxiste. Emmenée par les compagnons de toujours, Toto et Ninetto, cette parabole adopte un ton différent des films précédents du cinéaste et préfigure déjà, à travers le parcours d'un père et de son fils agacés par les commentaires d'un corbeau, l'humour et l'artificielle légèreté de sa future Trilogie de la vie. L'oiseau bavard est-il celui de la fable? Pas tout à fait, mais son ramage se révèle tout aussi considérable. Car ce corbeau est avant tout un intellectuel de gauche dont la parole se veut bien entendu un écho à l'engagement sociologique du cinéaste. Profondément politique, le film se veut une synthèse d'une discussion entre Mao et M. Edward Snow. "Où va l'Humanité?" demande l'un. "Boh..." répond l'autre. Petit essai théorique, Des Oiseaux petits et grands est également un délice cinématographique, dans lequel le moindre détail a son importance (le nom des rues, les panneaux d'indication), scindé en son milieu par une petite fable politique dans laquelle deux moines tentent de parler aux oiseaux et de les initier à l'amour de Dieu. Las, ils se rendent compte que certaines espèces attaquent les autres, persuadées que leur foi les rend supérieurs. Saint-François d'Assise conclut: "Cette inégalité entre classes, entre nations, n'est-elle pas la plus grave des menaces contre la paix?"