Démineurs
De Bigelow Kathryn
Éditeur : M6 Vidéo
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 2h04
Sortie : 24/02/2010
Bagdad. Le lieutenant James est à la tête de la meilleure unité de déminage de l'armée américaine. Leur mission : désamorcer des bombes dans des quartiers civils ou des théâtres de guerre, au péril de leur vie, alors que la situation locale est encore... explosive.
LA BOMBE HUMAINE
A titre générique, raccourcis faciles. Non, Démineurs n’est pas un film sur une strike team de soldats virils affrontant la mort le cigare au coin des lèvres et la réplique facile en bandoulière. Le nouveau film de la réalisatrice d’Aux frontières de l’aube vaut bien mieux que cela puisqu’il se concentre vraiment sur la tension d'une action anti-spectaculaire (pari difficile, mais hautement relevé, que de rendre captivantes des scènes où un homme doit couper des fils), et le sentiment de certains soldats, engagés volontaires, pour qui la guerre est une drogue. Reprenant à son compte toutes les thématiques du film de guerre avec la virtuosité qu’on lui connait, Bigelow injecte une énorme dose d'humanité dans de l'action réaliste, une forme de "cinéma vérité", et opère sereinement son retour sur le devant de la scène (sept années se sont écoulées depuis les sorties et échecs respectifs de K-19 et du Poids de l'eau) avec cette fiction totale qui n’est pas là pour titiller l’Oncle Sam. Ne cherchez pas le pamphlet anti-guerre ou la propagande contre Bush Jr., ce n’est pas ce genre de film qu’est venue nous raconter la plus burnée des réalisatrices (le seul point contestataire que vous pourrez trouver au film est l’utilisation de plusieurs titres du groupe culte Ministry tirés d’albums clairement orientés contre l’ex-président américain). À travers une mise en scène et un montage immersifs à souhait, la réalisatrice de Point Break et Strange days trimballe donc sa tension tout du long (une raideur qui culmine notamment lors d'un duel de snipers à couper le souffle) pour une œuvre singulière qui en assommera plus d’un en leur laissant le palpitant secoué. The Heart Locker vous avez dit ? Reste cependant un point qui ne fera pas l'unanimité : l'intrigue globale et son manque d'ampleur. À la fois qualité et défaut, l'histoire de ce Hurt Locker n'est pas une grosse aventure épique ni le festival pyrotechnique que l'affiche et la bande-annonce peuvent laisser suggérer, mais plutôt une succession d’exceptionnels morceaux de bravoure, limite épisodiques, avec plusieurs pistes explorées mais sans autre réel fil conducteur que ce héros tête brûlée drogué à l'adrénaline, le détonateur en guise de seringue. Certains trouveront que l'intrigue se répète, qu’elle tourne en rond, mais il y a quelque chose de plus dans ce film, un ton brut de décoffrage apposé par une vraie patte qui le fait passer d'épisode rallongé d'Over There à véritable entité cinématographique. Un joli tour de force donc, qui réussit à faire sien certains poncifs que l'on croyait éculés tout en y injectant un style personnel et efficace.
Bonus
Dommage de n'avoir qu'un making of promotionnel en complément de cet excellent film bardé de prix et de nominations (notamment aux Oscars où il pourrait bien tout péter). Il faudra malheureusement s'en contenter. Pas grave, le film à lui seul justifie l'achat du DVD ! En espérant, en cas de victoire aux Oscars, une ressortie un peu plus conséquente.