Control
Éditeur : La Fabrique de films
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h59
Sortie : 06/05/2008
La carrière fulgurante et tragique du leader de Joy Division, Ian Curtis.
LE BAL DU PENDU
Control. Comme She’s Lost Control, l’un des morceaux d’Unknown Pleasures, premier album de Joy Division, ou comme, surtout, ce manque de contrôle qui empoisonne Ian Curtis le long de sa vie éclair. Le contrôle de ses crises d’épilepsie, de ses nerfs face à une notoriété grandissante, ou de ses sentiments tiraillés entre deux femmes et deux types d’amour. Le clippeur néerlandais Anton Corbijn peint avec force son décor mancunien déprimant, enfer de craie et de charbon fait de noir et de blanc, noirceur hantée du regard intense de Curtis, blancheur spectrale du vide urbain rempli par la musique de David Bowie. Le noir et blanc, aussi, des pochettes de Joy Division, sinusoïdes d’Unknown Pleasures ou gisant affligé de Closer. Corbijn se replonge dans sa jeunesse de photographe rock, qui l’a notamment amené à côtoyer les membres de Joy Division, afin de capturer cet esprit musical, un minimalisme cold wave qui palpite et vacille sur scène, le garçon cassable derrière le mythe 80’s.
L’AMOUR NOUS DECHIRERA
Formellement, le coup d’essai long d’Anton Corbijn s’avère assez stupéfiant de maîtrise et de beauté, et s’est vu justement attribuer une mention à la Caméra d’or cannoise, en plus de deux prix récoltés lors de sa présentation ovationnée à la Quinzaine des réalisateurs. Une classe naturelle, jamais forcée, qui crée presque un déséquilibre avec le scénario, celui-ci adoptant le relief très balisé du biopic classique (rise & fall, trauma et handicap, lien mécanique et systématique entre les chansons et la vie personnelle). Pas un véritable défaut mais peut-être un manque de caractère là où la mise en scène apporte son véritable cachet. Mais la vraie révélation ici se nomme Sam Riley, lui qui compose un Ian Curtis aux démons insatiables, interprétation possédée qui s’impose comme l'une des plus impressionnantes de l’année, visage défait d’une routine noire et dévorante, au bord de la noyade, tandis que dans le ciel blanc peu à peu la fumée sombre se dissipe.
Bonus
Pour tous ceux qui n'ont pas eu la chance de découvrir l'excellent film d'Anton Corbin en salle, voilà l'occasion de se rattraper. Car rarement biopic aura su rendre si poignant le destin tragique d'un artiste complet mais à l'âme fissurée. Alors fans de cold wave, ou juste de Joy Division, jetez vous sur cette édition dvd qui, même si elle manque cruellement de bonus sur Ian Curtis, sa fulgurante carrière ou la génération musicale qu'elle a créée, permet au moins de visionner le film du génial clipeur hollandais et d'apprécier la performance du comédien principal Sam Riley, véritable incarnation de Curtis. Au menu de ce DVD, on trouvera donc les commentaires audio du réalisateur ainsi qu'une interview de ce dernier accompagné de son comédien principal. Le segment le plus intéressant de ces bonus sont les 3 performances inédites et remasterisées, l'édition se concluant pauvrement par la bande-annonce du film et celles d'autre métrages distribués par La Fabrique de Films, en salles comme en dvd, ainsi qu'une galerie de photo. Gageons que devant l'importance de cette œuvre, il est triste de ne trouver que cela à se mettre sous la dent, surtout pour les fans de l'ère. Mais cette édition permettra au moins au film de perdurer et qui sait, d'obtenir une deuxième carrière. C'est tout le mal qu'on lui souhaite.