Comtesse (La)

Comtesse (La)
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Comtesse (La)
De Delpy Julie
Éditeur : Bac Vidéo
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h34
Note du film : **----

A la mort de son mari, la comtesse Elizabeth Bathory se trouve à la tête d’un vaste domaine et d’une immense fortune. Aidée de sa confidente, la sorcière Anna Darvulia, Elizabeth étend progressivement son influence, suscitant chez chacun crainte, admiration et haine, pour devenir la femme la plus puissante de la Hongrie du 17ème siècle – dictant ses conditions jusqu’au roi lui-même. Elle rencontre alors un séduisant jeune homme dont elle tombe éperdument amoureuse mais celui-ci l’abandonne. Certaine d’avoir été délaissée car elle n’était plus assez jeune et belle. Sombrant progressivement dans la folie, Elizabeth, à la suite d’un accident, se persuade que le sang de jeunes vierges lui procure jeunesse et beauté...

LA FIEVRE DANS LE SANG

Drinking blood! Lesbian! Cannibalism! Dominatrix! Multiple Murder! Masochist! Vanity! Anti Turkism! La liste des plot keywords d'Imdb pour décrire le nouveau film de Julie Delpy laisserait croire à une adaptation gogo-gore en folie de la légende d'Erszebet Bathory. Pourtant, Delpy prend le contrepied total de cette histoire de bain de sang pour privilégier un certain minimalisme, effusions d'hémoglobine réduites à l'écran pour se concentrer sur les blessures, intérieures celles-là, de la comtesse. L'annonce du projet rendait curieux, voir Delpy s'attacher à un film en costumes, sur cette figure fascinante qui charrie avec elle tout un mythe, dans une Hongrie encore féodale, terre de magie où les faits autour de Bathory la vampire se mêlent à mille fantasmes. Brillante co-scénariste pour Before Sunset (ce qui lui vaut une nomination aux Oscars), sortie du succès du réussi 2 Days in Paris qu'elle a réalisé, Delpy impose sa patte ici aussi, offrant un point de vue tranché sur son héroïne, devenue, comme il a été avancé dans certaines thèses, une victime de complot dans un monde d'hommes.

Las! Si, dans sa fascinante biographie, la surréaliste française Valentine Penrose évoquait avec un talent fou la fascination exercée par l'insondable qui caractérise la comtesse hongroise, Delpy se met en tête de tout expliquer. Si la petite Bathory enterre des poussins vivants, c'est parce qu'on lui a montré comment châtier les manants dans la rue. Si Darvulia, alliée mystique de Bathory jouée par Anamaria Marinca (coiffée comme le monstre de Jeepers Creepers), passe son temps à la mettre en garde au sujet des hommes qui l'entourent, c'est parce qu'elle est lesbienne. Et si Bathory souffre, c'est qu'elle est amoureuse. Le scénario hache tout à la moulinette de la simplification, psychologisant à tout va comme autant de sous-titres à l'action, à l'image du traitement féministe de l'histoire, intéressant, mais tamponné avec si peu de finesse (les hommes ne sont que complots, les femmes que des cœurs brisés) qu'on croirait certains passages écrits par Coline Serreau (au-delà du fait que Delpy, comme si le film était schizophrène, reprend le fantasme le plus populaire des bains dans le sang des vierges, mythe révélateur d'une époque sexiste qui ne pouvait expliquer le sadisme d'une femme que par sa vanité). Ces derniers mois, Stephen Frears (Chéri) ou Jane Campion (Bright Star) ont montré que le film en costumes pouvait être traité avec modernité. Dans La Comtesse, il n'est que poids des robes, statisme de la mise en scène et dialogues ampoulés. Le projet était fascinant, le film moins. Reste le jeu troublant de Julie Delpy, faite pour le rôle, mais comme dépassée par les éléments, devant et derrière la caméra.

par Nicolas Bardot

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