Coffret Wayne Wang

Coffret Wayne Wang
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Coffret Wayne Wang
De Wang Wayne
Éditeur : Diaphana
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 2h07
Sortie : 19/03/2009
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On a découvert Wayne Wang au milieu des années 90, avec son film Smoke écrit par Paul Auster et qui a même connu une fausse suite via Brooklyn Boogie. Depuis, RAS, ou presque. Wang s'est effacé entre bides (Chinese Box, Le Centre du monde) et commandes hollywoodiennes (Coup de foudre à Manhattan, une romcom pour la Lopez, Winn-Dixie mon meilleur ami, un film canin, ou Vacances sur ordonnance, une comédie avec Queen Latifah).

La doublette Un millier d'années de bonnes prières/La Princesse du Nebraska sonne comme un retour aux sources et un nouveau départ pour le cinéaste. Véritable film Cajoline, Un millier d'années de bonnes prières installe une douceur bienveillante, un attachement immédiat pour ses personnages (une jeune femme chinoise, installée aux Etats-Unis, reçoit la visite de son père, venu de Pékin). Wayne Wang se montre à l'aise dans la tarte à la crème de l'incommunicable, fossé creusé par la langue ou les différences de génération, qu'il s'agisse de scènes de comédie avec la grand-mère iranienne à celles plus poignantes avec la fille, grâce à cette justesse de ton, une délicatesse assez désarmante, des blessures d'un personnage enfermé dans ses illusions aux maladresses d'un autre incapable de transmettre son amour. La Princesse du Nebraska marche un peu en antithèse: une mise en scène beaucoup plus « visible », un scénario plus erratique, et un ton plus dramatique répondent au doux-amer à scénario cadenassé et simplicité formelle de l'autre. Autre regard sur une héroïne chinoise aux Etats-Unis, ici une figure plus ambivalente mais qui trimballe un même spleen urbain un peu déraciné malgré les apparences assurées.

Belle idée de leur associer, dans un coffret dvd, deux des premiers films du réalisateurs. D'abord pour les découvrir, ensuite pour observer les correspondances: Dim Sum précède Un millier d'années de bonnes prières d'une vingtaine d'années, pourtant l'un semble directement découler de l'autre, à deux décennies d'écart mais avec les mêmes questionnements identitaires, la même forme épurée, le même ton très doux. Dim Sum, qui raconte l'histoire, à San Francisco, d'une Chinoise de 62 ans qui entreprend un voyage dans son pays natal, semble mettre tout événement à la porte - même ce voyage dont on parle mais qu'on ne voit même pas, juste une ellipse, parce que l'essentiel n'y est pas, plutôt dans ses portraits de quotidien déraciné et débarrassé de clichés, à l'heure de Karaté Kid et sans enseigne de resto chinois. Chan is Missing, pour sa part, est un faux polar sans vraie résolution qui sert de petit labo à expériences pour Wayne Wang, où le décor compte là encore un peu plus que l'intrigue (ce Chinatown croqué lors des dernières minutes), mixant une approche doc et impro au coeur de la communauté chinoise tandis que le jeune cinéaste, lui, se moule dans un certain ciné indé très américain, celui des Jarmusch ou Van Sant des années 80.

Le dvd d'Un millier d'années de bonnes prières comprend un entretien d'un quart d'heure où Wayne Wang revient sur les origines de son diptyque et sur les différences stylistiques entre Un millier d'années... et La Princesse du Nebraska, ainsi que sur les difficultés actuelles du cinéma indépendant américain. Une filmographie, enfin, complète les bonus.

par Nicolas Bardot

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