Chambre des morts (La)
Éditeur : Bac Vidéo
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h45
Sortie : 10/06/2008
En pleine nuit, au milieu d'un champ d'éoliennes, deux informaticiens au chômage renversent un homme surgi de nulle part. A ses côtés, un sac rempli de billets : deux millions d'euros, là, à portée de main et aucun témoin. Que faire ? Appeler la police ou profiter de l'occasion ? Le lendemain, dans un entrepôt à quelques mètres des lieux de l'accident, la police retrouve le corps de Mélodie, une fillette aveugle. Et si l'argent était destiné à payer sa rançon ? L'assassin a-t-il vu les chauffards ? Le soir même, une autre enfant est kidnappée. Diabétique cette fois. Ses heures sont comptées. A l'hôtel de police de Dunkerque, le compte à rebours est lancé. Aux côtés du lieutenant Moreno, un collègue très prévenant, Lucie, une jeune brigadier de 26 ans, participe à sa première enquête. Et curieusement, au sein du groupe crime, on a vite le sentiment que Lucie n'est pas là par hasard...
COLD CASE
Devant un film comme La Chambre des morts, difficile de croire qu'il puisse s'agir d'une première œuvre, tant l'ambiance créée par son réalisateur est en uniformité totale avec son sujet. Noire, glauque et quasiment malsaine, cette atmosphère si particulière voulu par Alfred Lot pourrait être comparée aux environnements généralement mis en place dans les films de Guillaume Nicloux (Le Poulpe, Une affaire privée, Cette femme-là, Le Concile de pierre) et qui rappelle aussi celle des Rivières pourpres (Mathieu Kassovitz, 2000). Bref, du cachet, La Chambre des morts n'en manque pas. D'autant que son rythme sec et métronomique permet de passer du temps avec les protagonistes principaux et ainsi créer de vrais personnages, remplissant un scénario habile où l'auteur laisse s'écouler ses indices au compte-goutte comme une mécanique bien huilée et contrôlée qui cite principalement Le Silence des agneaux (une belle référence donc). Mais dans la construction de son récit filmique, Lot se permet une sorte de retournement à 180 degrés qui risque de laisser plus d'un spectateur dubitatif. Au jeu de pistes classique suivi par l'héroïne et son coéquipier, l'histoire bascule volontairement vers l'autre point de vue: celui de l'assassin kidnappeur. Un parti pris certes intéressant et osé, qui permet censément de creuser un autre vrai personnage tout en plaçant une résonance avec le rôle principal. Mais une trop faible interprétation et certains détails psychologiques versant dans le too much n'aident pas à l'appréciation globale de ce revers narratif. Ainsi, la seconde partie apparaît comme bien plus faible et moins attrayante. Dommage, car sans cette envie de sortir le film des codes du genre, Lot et son "polar/thriller" empruntait vraiment la route des meilleures œuvres françaises du même style.
Bonus
À première vue, si on se fie au nombre de suppléments présents sur cette édition de La Chambre des morts, on pourrait croire que l'éditeur ne s'est pas foulé pour faire connaître l'envers du décor à ses spectateurs. Mais c'etait sans compter sur la qualité du long documentaire (52 minutes), simplement intitulé Sur le tournage de La Chambre des morts, qui revient avec clarté et sans fioriture sur la genèse du projet, son tournage, les relations entre réalisateur et comédiens, les choix et autres parti prix de mise en scène, etc. Bref un making of complet et de rigueur qui prend en compte nombre des aspects de production du film sans jamais alourdir ou survoler le sujet, tout en sachant vraiment rendre passionnant certains aspects plus opaques. L'autre segment clé de ces bonus est un petit clip compilant des moments pris sur le vif du tournage et axés sur la comédienne principale Mélanie Laurent. A la manière d'un homme amoureux filmant certains instants volés de sa bien aimée, le réalisateur du making of précédent présente surtout la bonne humeur globale de Laurent. Pas forcément passionnant mais tellement sincère que sa présence sur le disque est totalement justifié. Cette édition se poursuit sur une galerie photo et se termine sur la bande-annonce du film.