Batalla en el cielo
De Reygadas Carlos
Éditeur : Bac Vidéo
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h28
Sortie : 10/06/2008
Après l'enlèvement de son neveu et sa mort accidentelle, Marcos se confesse à Ana, la fille de son patron. Prostituée par plaisir, Ana tente en vain de venir en aide à Marcos.
REGARDE LES HOMMES TOMBER
Depuis Japón, sa brûlante profession de foi, Carlos Reygadas n’a rien perdu de son audace ni de sa dextérité formelle. Balade lyrique et sensuelle dans les hauteurs du Mexique, son premier long métrage suivait les pas trébuchants et le retour à la vie d’un suicidaire. Ballonné jusqu’à l’écœurement, d’une solennité assez tonitruante, Batalla en el cielo troque le tableau champêtre contre la prison urbaine et les collisions sociales. La double quête amoureuse, physique et spirituelle, creuse les antagonismes sans retrouver l’impulsion poétique de son prédécesseur. La beauté immaculée, la laideur criminelle, la sainte providentielle et le pécheur repenti renaissent sous un ciel voilé; l’arrière-plan doloriste est resté le même, mais le trait s’est alourdi. Reygadas ne soutient plus un marcheur indolent, il s’effondre sur un chauffeur de taxi obèse, pauvre et coupable, qui s’entiche d’une riche héritière, insouciante et oisive. Le regard n’accompagne plus, il surplombe les corps mal dégrossis, les réduit à des portes-drapeaux et des étals de boucher… Carlos Reygadas froisse la chair molle, barre les issues de secours, tente d’électriser son propos en multipliant les mariages grotesques. L’imposante bande-son vrille les esprits, mais raidit un peu plus la démonstration. Le statisme des personnages, cloués au lit, traînés d’une artère à l’autre, épinglés comme des insectes, vire à l’exploit vaniteux et froidement théorique. Redescendu à terre, au sein d’une communauté corrompue, après avoir imploré les astres, Reygadas tourne en rond avant de retrouver le droit chemin. Les yeux bandés, les genoux ensanglantés, dégoulinant de sueur, Marcos se mêle à la foule et rampe vers la basilique de Guadalupe. La grandiloquence de Batalla en el cielo est à l’image de son héros, aveugle et obstinée.