Amer
De Cattet Hélène, Forzani Bruno
Éditeur : Wild Side Video
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h27
Sortie : 27/10/2010
Une petite fille effrayée par une villa trop silencieuse. Une adolescente attirée par de mystérieuses présences rôdant dans son village. Une femme qui revient défier ses fantômes sur les lieux de son enfance. Les trois âges clés de la vie tourmentée d'Ana. Entre désirs, réalité et fantasmes.
MOI, J'AIME L'AMOUR QUI FAIT BOUM
En voilà un film qui n’a pas peur de prendre le public à rebrousse-poil ! Et qui y parvient, à en juger du moins par l’accueil glacial qu’il a reçu lors de sa projection récente au festival Fantastic’art de Gérardmer (où il a tout de même obtenu une mention spéciale du prix du jury). Il faut dire qu’Amer, vendu dès sa superbe affiche comme un hommage au giallo, risque de laisser sur le carreau ceux qui s’attendent avant tout à un film d’horreur. En effet, même s’il recycle de nombreux codes des maîtres italiens, il s’agit avant tout d’un "objet de réflexion" (selon les termes de ses réalisateurs, des mots à ne pas prendre à la légère), c’est à dire en l'occurrence un ovni quasi-expérimental, divisé en trois parties si différentes que leur lien parait à première vue hermétique.
Amer a avant tout pour lui une exceptionnelle inventivité plastique, rarement vue dans un premier film francophone, où toute forme de récit passe uniquement par le biais du ressenti corporel (rareté des dialogues et profusion permanente de gros plans sur chaque centimètre carré de peau, montage hoquetant sur des premiers émois d’ado, couleurs surnaturelle d’une maison cauchemardesque…), mais possède également un univers obsessionnel suffisamment riche pour tenir en haleine. Ce récit de l’éducation sexuelle d’une jeune fille hantée par ses souvenirs navigue en permanence entre l’excitation érotique et la terreur sourde ; de la première à la dernière minute, Il y a toujours un œil derrière une serrure où dans un rétroviseur pour dénuder l’héroïne, en faire à la fois une cible amoureuse et une proie. Une réappropriation originale, et un premier essai très prometteur.
Bonus
Le film de Cattet et Forzani n’ayant pas trouvé son public en salle (à peine quelques copies disponibles), l’éditon DVD de chez Wild Side va devoir réparer cette injustice. Sur la petite galette, on retrouve donc toutes les saveurs de cet atypique projet et l'on peut aussi affirmer que le côté viscéral ne perd pas de sa force avec le transfert numérique. Un point plutôt positif pour ce film dont l’efficacité et à la fois visuelle et sonore. Niveau suppléments, outre la Bande-annonce, les Liens internet et les Crédits on trouvera un bonus plutôt inhabituel mais très important : un court-métrage signé du duo de réalisateurs: La Fin de notre amour se présentant lui aussi comme un projet bien singulier puisqu'il n'est composé que de photogrammes animées. Là encore nous assistons à une expérience sensorielle préfigurant déjà leur Amer mais pouvant tout autant rappeler certaines images de Gaspard Noé ou du Pi de Darren Aronofsky. On a connu pire comme influences. Alors même si l'édition Blu-Ray n'est pas prévue pour l'instant, souhaitons que grâce au DVD, l’expérience Amer trouve un second souffle et qu'elle ne fasse que commencer !