A bout portant

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A bout portant
De Siegel Don
Éditeur : Carlotta Films
Zone 2
Nombre de disques : 1
Durée : 1h32
Sortie : 21/11/2007
Note FilmDeCulte : ****--
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Charlie et Lee, deux tueurs à gages, sont engagés par un commanditaire anonyme. Dans un institut spécialisé pour non-voyants, ils retrouvent la trace de Johnny North et l’assassinent froidement. Surpris par l'attitude de leur victime qui n'a pas tenté de fuir ni de leur résister, les deux tueurs cherchent à en savoir davantage...

LA MORT AUX TROUSSES

La nouvelle d’Ernest Hemingway est décidément une inépuisable source d’inspiration. A peine une dizaine de pages, mais d’innombrables pistes à explorer, autant de bifurcations à proposer. Mais pour Robert Siodmak comme pour Don Siegel, elle n’est qu’un point de départ. Pressenti pour réaliser la version de 1946, Siegel (non crédité car sous contrat avec un autre studio) n’était finalement intervenu que sur le scénario. Siodmak avait livré une puissante interprétation, d’un monolithisme exquis et d’une noirceur totale. Les cadres exacts, la mise en scène verrouillée mimaient le caractère implacable du destin, la chute irréversible du Suédois. Don Siegel ne dévie pas de ce pessimisme froid et abrupt. Chez Hemingway, l’homme est résolu à mourir. Ici, l’anti-héros n’est plus boxeur, c’est devenu un coureur automobile, une tête brûlée épris de vitesse, qui fonce droit vers les ennuis et la mort. Les amants ne constituent plus le fil rouge de l’intrigue, les tueurs – ombres fugitives chez Siodmak – ont pris le relais. Là où Siodmak entrelaçait délicatement les flash-backs, Siegel flirte avec une intrigue plus resserrée et plus grossière. Dans Les Tueurs de 1964, la parole est franche, les lignes sont moins tortueuses. Impatients de résoudre une énigme qui leur est inhabituelle, Charlie (le cerveau, le maître) et Lee (la main, le disciple) n’ont pas de temps à perdre. Déterminés à nuire, enclins à des jeux sadiques, les deux tristes sires avancent à visage découvert, en pleine lumière. Siegel ne s’embarrasse pas du décor, les villes sont anonymes, les personnages déshumanisés. Initialement destiné à la télévision, Les Tueurs a été déprogrammé en raison de sa violence. Moins ambitieux, moins sophistiqué, plus revêche que la version d’origine, le film annonce déjà la raideur et la morgue d’un Inspecteur Harry.

par Danielle Chou

Bonus

En plus de la traditionnelle bande-annonce, deux bonus courts mais prenants nous éclairent sur les origines du film: Compte à rebours: A bout portant ou la dernière vie des tueurs (18 min) par Serge Chauvin, Maître de conférences et Don Siegel le dernier des géants (16 min) par Jean-Baptiste Thoret, spécialiste du cinéma des années 70. Le premier document livre une analyse approfondie des Tueurs. A l’origine, le film devait s’intituler Johnny North, du nom du personnage incarné par John Cassavetes. L’énigme du film porte moins sur le mobile du meurtre que la réaction de North et son acceptation passive de la mort. Les tueurs sans état d’âme, des "abstractions pétrifiées", mènent l’enquête à travers une série de flash-backs sur la vie de Johnny. Ronald Reagan, qui détestait son rôle (l’unique rôle de vilain de sa carrière), apparaît ici pour la dernière fois au cinéma avant son entrée dans la vie politique. Pour Chauvin, il s’agit là du dernier film noir classique. Le deuxième document retrace le parcours de Don Siegel, depuis ses débuts à la Warner. Daté de 1963, le film se situe à la toute fin de l’âge d’or des studios, à une période de flottement, de remise en cause des valeurs et de la justice (notamment marquée par la mort du président Kennedy). L’enquête sur le pouvoir deviendra un thème récurrent des années 70. Dans Les Tueurs, il a encore un visage (celui de Ronald Reagan). Avec les années, il tend de plus en plus vers l’abstraction.

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