Marais Film Festival: Zomer
Anne a 16 ans et vit dans une village où tout le monde se connaît, mais elle est un peu à part. Lena arrive et fascine Anne…
CONTE D’ÉTÉ
Zomer se présente sur un terrain fort familier du cinéma LGBT : celui de la chronique ado où un protagoniste sensible découvre son homosexualité au contact d’un/une étranger/ère fascinant qui vient bouleverser son quotidien. La formule est connue et continue de servir de base à bien des longs et courts métrages. Anne, 16 ans, passe l’été à s’ennuyer gentiment avec sa bande de copains dans sa petite ville de campagne. Et si l’arrivée de la mystérieuse inconnue n’a lieu qu’à mi-film, le schéma narratif attraction / rejet par la communauté / engueulades / retrouvailles est respecté sans grande surprise. Mais si Zomer reste sur des rails bien sages, il n’en réserve pas moins quelques surprises intéressantes en cours de route.
La voix off de l’héroïne, qui entame le film de manière un peu convenue en mode « ça c’est moi, et ça c’est mon histoire », met pourtant d’emblée en garde. Certes le soleil brille, et rien de bien méchant ne semble poindre clairement à l’horizon, et pourtant quelque chose est sur le point d’exploser. A l’image de cette centrale nucléaire construite en périphérie de la ville, bâtisse géante en forme d’unique horizon, au sens propre comme au sens figuré. Pas d’explosion radioactive à déclarer, ni même de Fukushima intérieur chez Anne, et pourtant la douce lumière qui baigne le film révèle peu à peu les fêlures dans le béton. L’air de rien, presque en arrière-plan, traités avec une sourdine inattendue, une violence bizarre vient ponctuer cet été : une statue de vierge pleure du sang, une mère de famille se laisse littéralement démolir, une jeune fille se voit forcée d’épouser son violeur… Et pourtant rien de cela n’est traité sur le mode du réalisme social doloriste, et tant mieux. Dommage que le film se termine sur un happy end un peu facile, mais en important ces étranges éléments sur les terres d’un spleen estival inoffensif, Zomer fait preuve mine de rien d’une subtile originalité. On a bien envie de retrouver ce ton-là utilisé dans des récits peut-être plus forts.