Yella
 |
 |
 |
 |
 |
Notez ce film |
Allemagne, 2006
De Christian Petzold
Scénario : Christian Petzold
Avec : Barbara Auer, Nina Hoss, Burghart Klaussner, Christian Redl, Hinnerk Schonemann, Devid Striesow
Durée : 1h29
Sortie : 22/04/2009
Yella, qui a trouvé un travail intéressant, décide de quitter sa petite ville de province. Elle espère ainsi pouvoir repartir à zéro et s’éloigner par la même occasion de son mari, Ben, qu’une injonction du tribunal empêche de trop s’approcher d’elle. Le beau rêve de travail tombe à l’eau mais elle rencontre Philipp, un banquier qui l’initie à l’art de la négociation. Tout irait pour le mieux si Ben n’avait pas retrouvé sa trace.
THE WORLD I AM LIVING IN
Christian Petzold (Fantômes) livre avec Yella un intriguant portrait de femme doté d’un soupçon de thriller, qui se révèle plus intéressant que l’intrigue ne le laissait présumer. Ainsi à première vue Yella est l’histoire d’un refus de la fatalité et d’un désir de nouveau départ loin de tout ce qui peut se rattacher à un douloureux passé. Mais une fois la ville quittée, la jeune femme se trouve plongée dans un monde d’impersonnalité, elle passe de sa chambre d’hôtel aux salles de réunions pour revenir dans sa chambre d’hôtel. Le monde extérieur est juste esquissé, excepté la présence menaçante de son mari Ben, qui la replonge dans une terreur trop familière. La jeune femme rencontre en Philipp un nouvel espoir qui pourrait ne pas être seulement professionnel, mais leurs entrevues sont empreintes de formalité. La communication y est limitée au jargon technique de la comptabilité et des négociations commerciales, et quand les deux deviennent finalement amants une certaine distance persiste. Seuls les appels de Yella à son père, le spectateur n’entendant pas les réponses de celui-ci, semblent empreints de normalité. Un vase clos qui au fil du film se referme inexorablement sur la jeune femme.
Christian Petzold retrouve Nina Hoss pour la troisième fois, qui se révèle le choix idéal pour interpréter cette jeune femme bien décidée à réussir un nouveau depart tout en s’adaptant à ses nouvelles circonstances. Elle est accompagnée à l’écran par l’excellent Devid Striesow (Marseille) dans le rôle de Philipp. L’histoire se déroule lentement et le réalisateur laisse le spectateur faire connaissance avec les protagonistes. Ainsi la caméra s’attarde sur Yella même si rien de significatif ne se passe qui pourrait justifier cette insistance. Les conversations durent, prenant le temps d’exister. Le réalisateur entraîne le spectateur dans l’histoire de Yella et lui demande d’être attentif à ce qui se passe à l’écran mais aussi et surtout à ce qui ne s’y passe pas encore, car lentement la tension monte et le point de non retour ne peut qu’arriver. Petzold réussit à rendre passionnante cette histoire en apparence banale, d’autant plus quand Yella décide de prendre les choses en main et de négocier en parallèle afin de sauver l’homme qu’elle croit aimer. Christian Petzold réussit un exercice de style qui devrait faire parler de lui.
