Wu Ji, la légende des cavaliers du vent
Wu Ji
Chine, République populaire de, 2005
De Chen Kaige
Scénario : Chen Kaige, Zhang Tan
Avec : Cécilia Cheung, Jang Dong-gun, Chen Hong, Ye Liu, Hiroyuki Sanada, Nicholas Tse
Photo : Peter Pau
Musique : Klaus Badelt
Durée : 1h43
Sortie : 15/03/2006
Une petite fille pauvre et affamée scelle un pacte avec une déesse. A l’âge adulte, Quincheng sera belle, riche et enviée. Seule contrepartie: elle ne connaîtra jamais le grand amour. Fatalement, Quincheng finit par regretter sa promesse.
PÂTÉ IMPÉRIAL
Zhang Yimou ayant relancé la mode des fines lames en apesanteur (Hero, Le Secret des poignards volants), son collègue de formation Chen Kaige lui a emboîté le pas, en attirant dans ses filets les gros poissons de l’Asie. Un casting grand large: le japonais Hiroyuki Sanada, entrevu dans Le Dernier Samouraï, l’étoile montante coréenne Jang Dong-kun, remarquée chez Kim Ki-duk (The Coast Guard), les stars hong-kongaises Nicholas Tse et Cecilia Cheung, le chinois Liu Ye (Lan Yu). De vaillants moussaillons: Peter Pau à la photo (Tigre et Dragon), les effets spéciaux de Centro, artisan des coups de pied arrêtés numériquement modifiés de Shaolin Soccer et Crazy Kung-fu. Promis à un succès international (une nomination aux Golden Globes), prêt à défriser la concurrence, Wu Ji, la légende des cavaliers du vent se révèle un joli poisson pané, un vrai panier percé, laid, pauvre et pompier. L’échec porte essentiellement sur l’emballage, les audaces formelles – incrustations, décors, chorégraphies – sont catastrophiques. Echec d’autant plus effarant de la part d’un tatillon de l’image (Adieu ma concubine, Palme d’or 1993), visiblement fâché avec l’informatique. Démuni, Chen Kaige graisse la moindre action par des ralentis guimauves et ne tend même plus la bouée pour sauver les apparences. Le scénario, autre point noir, reposait sur une mythologie séduisante. Chen la réduit à des allers-retours étrangement statiques. Aux prises avec un destin capricieux, les héros sont condamnés à tourner en rond, soit dans une cage, soit dans un cul-de-sac. Et s’ils finissent par s’en libérer, c’est au prix d’une longue mascarade ampoulée. Miné de toutes parts, Wu Ji est sauvé in extremis par le charisme des acteurs, le thème entraînant de Klaus Badelt et quelques éclairs de lucidité.