World (The)
Shi jie
Chine, République populaire de, 2004
Avec : Jing Jue, Chen Taisheng, Zhao Tao, Wang Yi-Qun
Durée : 1h47
Sortie : 08/06/2005
Tao est une jeune Chinoise d'aujourd'hui. Pour gagner sa vie, elle travaille comme danseuse dans un immense parc d'attraction qui reproduit les grands monuments du patrimoine mondial, The World.
"VISITEZ LE MONDE SANS JAMAIS QUITTER PEKIN"
Avec The World, tout est déjà dans le titre: le monde de Jia Zhang-Ke, c'est la globalisation à deux vitesses, l'aliénation des nouveaux riches, la situation de la Chine d'aujourd'hui avec des individus perdus dans le tourbillon de la modernisation trop rapide. Le quatrième long métrage du cinéaste indépendant, culte même, se situe justement dans le World Park de la capitale – parc d'attractions mondaines dont le slogan est "Visitez le monde sans jamais quitter Pékin" –, un décor de rêve en carton pâte. Les images de son fidèle collaborateur Yu Lik-wai sont à la hauteur de ce site cosmopolite et artificiel car filmées, cadrées et montées par un réalisateur visiblement fasciné par ce lieu unique. Fidèle à lui-même, Jia raconte des petites histoires entre petites gens qui essaient de trouver leur place dans le monde. On y retrouve la séduisante Zhao Tao en danseuse cherchant un pansement dans les coulisses, son petit copain gardien de sécurité Taisheng qui lui refuse la sécurité amoureuse, une Russe à l'écart de la troupe, des femmes harcelées par des hommes... Mal de communication mais besoin de compagnie, recherche d'amitié ou de romance entre personnes en transit, confidences et confiance trahies.
LE MONDE SELON JIA ZHANGKE
Sans l'imposant budget (qui a permis non seulement de tourner le film sur fond de multiples merveilles du monde mais également de ponctuer son film de grands spectacles musicaux en costumes, ainsi que de sporadiques interludes animés à chaque fois qu'un personnage envoie un SMS), on retrouverait les émotions fortes de l'inoubliable Plaisirs inconnus, incomparablement plus poétique et brutal, dans sa simple modestie. Jia a voulu faire un film à Pékin, tourner dans la capitale dont rêvent les provinciaux et toucher à l'universel. Malgré ses réserves, The World définit bien l'univers du cinéaste qui scrute avec sa caméra les petits et grands travers de la Chine d'aujourd'hui et la réalité vécue par des individus face à une société en plein essor. Si on se laisse prendre au jeu, en mettant de côté les artifices kitsch, on est séduit par le style et les portraits des personnages. Huis clos dans un parc forain, The World est aussi composite que son cadre insolite, avec quelques scènes touchantes d'ironie et des images faussement destinées aux touristes.