World Invasion : Battle Los Angeles

World Invasion : Battle Los Angeles
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World Invasion : Battle Los Angeles
Battle: Los Angeles
États-Unis, 2010
De Jonathan Liebesman
Avec : Aaron Eckhart, Bridget Moynahan, Michael Peña, Michelle Rodriguez
Photo : Lukas Ettlin
Musique : Brian Tyler
Durée : 1h56
Sortie : 16/03/2011
Note FilmDeCulte : ***---
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Au camp Pendleton, base militaire située à proximité de Los Angeles, un groupe de Marines, dirigé par le sergent Michael Nantz, est appelé à riposter immédiatement à l'une des nombreuses attaques qui touchent les littoraux à travers le monde. Le sergent Nantz et ses hommes vont mener une bataille acharnée contre un ennemi mystérieux qui est déterminé à s'emparer de l'approvisionnement en eau et à détruire tout sur son passage.

STARSHIP TROP PAS

Le postulat de départ de Battle : Los Angeles semble être de faire un Black Hawk Down avec des aliens. De ce point de vue-là, l'essai s'avère globalement réussi. Malheureusement, cela restera le principal (le seul?) intérêt du film : des scènes de guerre en milieu urbain entre soldats et extra-terrestres. Le souci, c'est que ça na va pas plus loin. Du tout. Limité par son budget, le film se révèle somme toute assez pauvre en action. De plus, la mise en scène de l'action demeure généralement confuse, versant trop dans l'aspect chaotique des scènes de guerre. Évidemment, Jonathan Liebesman n'est ni Steven Spielberg ni Ridley Scott, son talent est ailleurs. Faisant preuve d'un indéniable savoir-faire, le cinéaste livre quelques très beaux plans d'ensemble dépeignant des panoramas apocalyptiques d'une Los Angeles au soleil et sous les bombes. Tous ces beaux tableaux soigneusement composés d'hélicoptères et de colonnes de fumée parviennent à instaurer une ambiance autre qu'un simple Independence Day de jadis. Rescapé du film d'horreur, le réalisateur s'avère également plus habile dans les scènes de tension, lorsqu'un soldat évolue seul à travers une maison abandonnée par exemple, et c'est lors de ces séquences-là que la manière de mettre en scène les extra-terrestres se fait la plus pertinente. En effet, Liebesman ne les montre que furtivement, adoptant à 100% la subjectivité du protagoniste à ce moment-là. Uniquement lors de ces séquences est-il intéressant, est-il "sensé" d'avoir en guise d'adversaires des aliens. Leur côté surnaturel, inconnu, renforce, voire créer la peur. Le reste du temps, il pourrait s'agir d'un ennemi tout à fait humain qu'on ne verrait pas la différence. L'aspect fantastique n'est pas indispensable à l'histoire. D'une, parce que le film n'a rien à dire (un peu comme si La Guerre des mondes suivait l'armée et non la famille), et de deux, parce qu'il n'exploite pas assez son potentiel (exemple : les aliens utilisent des balles et des roquettes mais aucune arme "particulière" qui apporterait une valeur ajoutée). Cela correspond au parti-pris "réaliste" du film, mais on ne peut s'empêcher de trouver cela dommage. Le design des aliens n'est pas inintéressant mais manque de charisme. Leurs vaisseaux sont plus impressionnants.

Du point de vue de l'écriture, Battle : Los Angeles n'est pas non plus très inspiré. Le flash forward du début n'a pas grand sens si ce n'est de permettre une introduction in media res - qui du coup annihile une bonne partie du suspense - sans doute imaginée pour compenser l'ennui des 15 minutes suivantes. Le film se farde d'une exposition inintéressante et superflue composée de clichés en guise de caractérisation. Le tout est bien trop précipité et la mise en scène trop confuse pour que l'on parvienne à distinguer les personnages les uns des autres. De plus, le film choisit d'abandonner par la suite les quelques histoires qu'il avait confié à ses protagonistes (le soldat traumatisé par exemple, qui disparaît tout simplement). Mentionnons également les dialogues tantôt fonctionnels (la présentation d'Aaron Eckhart en deux coups de cuillère à pot), tantôt nanardesques (le contexte dans lequel un personnage féminin affirme être vétérinaire comme s'il s'agissait d'une qualification suffisante pour disséquer un alien). Après un démarrage un peu long, le scénario s'impose un compte-à-rebours - dans quelques heures, la ville va être rasée - et colle à son concept - les Marines évoluent à travers la ville à feu et à sang, ce qui donne un élan certain au récit, qui fait fi des structures habituelles en trois actes et ose une construction plus atypique, plus proche du parcours des personnages. Le risque de ce genre d'exercice, c'est d'aller au devant d'un potentiel ventre mou et ici le film ne l'évite malheureusement pas. Il donne même naissance à sans doute la pire scène du film, point d'orgue de la seule thématique qui semble émerger de l'ouvrage : une ode aux Marines. Le fétichisme militaire d'un Michael Bay tient de Gandhi comparé à l'approche de Liebesman & Co qui font ici pour le corps des Marines ce que Signes faisait pour la foi, avec Aaron Eckhart dans le rôle de Mel Gibson. Chez Bay, le trip sur les soldats est juste puéril, une simple fascination pour les uniformes, les armes et les véhicules, c'est un gamin qui joue aux petits soldats. Chez Scott, il s'agissait de remettre en question l'interventionnisme du gouvernement américain tout en refusant de blâmer les soldats qui se sacrifient. Ici, c'est c'est à peu de choses près de la propagande. Malgré tout, Battle : Los Angeles reste suffisamment efficace pour faire son travail la plupart du temps, avec notamment un extraordinaire travail sur le son, mais il faut quand même avouer qu'on a pas grand chose à se mettre sous la dent.

par Robert Hospyan

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