Wolf Creek
Australie, 2006
De Greg McLean
Scénario : Greg McLean
Avec : John Jarratt, Cassandra Magrath, Kestie Morassi, Nathan Phillips
Durée : 1h35
Sortie : 09/08/2006
Trois jeunes randonneurs partent dans le désert australien pour y faire du trekking. Aux abords de Wolf Creek, cratère causé par un météorite, leur voiture tombe en panne.
LE CRATERE A DES YEUX
On les voyait arriver avec leurs sabots crados (mais pas trop), électrochoc bon chic bon genre d’un style comme fossoyeurs de son intégrité, dépoussiérage opportuniste des monuments d’époque, mais les relectures que constituent le Massacre à la tronçonneuse de Marcus Nispel, L’Armée des morts de Zack Snyder et La Colline a des yeux d’Alexandre Aja ont donné, l’air de rien, un coup de pied salvateur dans le château de sable de l’horreur clean née du revival slasher des 90’s. Aja principalement, avec sa Colline folle furieuse, descente aux enfers cathartique qui n’hésitait pas à se salir les doigts dans le plus grand sadisme, tout en inscrivant le récit dans sa propre mythologie. Wolf Creek n’appartient pas à cette famille de remakes, s’inspire de son fait divers à lui, et délaisse rednecks texans et immersion Americana pour se tapir dans le désert australien. Mais le long métrage plonge de plain-pied dans ce même vertige horrifique, film-tripes et survival à l’efficacité implacable, où chaque punition corporelle fait aussi mal aux personnages qu’aux spectateurs (comme la scène des clous). A cette différence près que Greg McLean se montre particulièrement habile à faire croire qu’il en montre beaucoup, étripage en règle de gentils koalas, là où finalement la vraie terreur de Wolf Creek est avant tout psychologique.
CHASSEUR BLANC, COEUR NOIR
Dès son premier film, McLean maîtrise solidement sa recette horrifique ("Un récit à l'épine dorsale solide, peu de personnages, un lieu isolé et un monstre unique et inoubliable") et affirme même son influence du dogme danois dans l’usage du numérique ou des contraintes liées aux décors naturels. La mécanique du manège est lancée, bien appuyée sur les cuisses musclées de sa structure minutieuse. Le venin se répand peu à peu dans les veines, histoire d’épaissir la chair humaine, prendre le contact avec deux filles et un garçon afin que leur chasse gagne en valeur. McLean aime son boogeyman, Crocodile Dundee dégénéré, lui offre de beaux plans, et respecte le genre en ne l’affublant pas d’humour déplacé ou de pantins débiles. La charpente est basique, mais l'emballage fait la force de Wolf Creek, de la caméra à l'épaule, électrique, nerveuse et toujours lisible, au plus près des héros, aux plans larges qui captent brillamment la puissance et la beauté du décor, des nuages de vanille à l’aube du conte aux lumières étranges dans le ciel à mesure que le film progresse. La balade sauvage au cœur du Mal absolu réserve ses moments d’excitation intense (attention aux doigts qui traînent), et l’exercice prétexte mais viscéral accouche d’une jolie pépite - classique mais au cœur bien palpitant.