Winter Vacation
Han Jia
Chine, République populaire de, 2010
De Hongqi Li
Scénario : Hongqi Li
Avec : Bai Junjie
Photo : Qin Yurui
Musique : The Top Floor Circus
Durée : 1h31
Sortie : 23/02/2011
Le dernier jour des vacances d’hiver dans un banal petit village du nord de la Chine. Pour une quelconque raison, quatre adolescents désœuvrés se retrouvent chez leur copain Zhou Zhixin qui vit avec son père, son frère et son neveu. Profitant de leur dernier jour de vacances, ces jeunes traînent en ville où il ne se passera visiblement jamais rien et discutent à bâtons rompus, haussant parfois le ton par esprit de contradiction...
UNE PÊCHE D'ENFER
Quelque part, dans une campagne chinoise, des gus s'ennuient et/ou dépriment grave, en plans évidemment fixes et tout ça animé d'une humeur aussi festive qu'à une veillée funèbre. Vous avez l'impression d'avoir déjà vu ça et/ou n'avez pas du tout envie de tenter votre chance? Vous avez tort. Car ce troisième long métrage du Chinois Li Hongqi, lauréat du Léopard d'or au dernier Festival de Locarno, est une des belles surprises de ce début d'année. "Pourquoi le ciel est toujours vide?", se demande l'un des personnages du film, le nez en l'air. Winter Vacation ne joue pourtant jamais la carte de l'apitoiement édifiant. Au contraire, la tension du film va plutôt chercher dans la comédie. Pas celle qui donne envie de se claquer les cuisses et se démettre la mâchoire, plutôt la comédie glaciale, grinçante, d'un Roy Andersson catapulté en Chine, et dont certaines scènes (l'échange entre un ado et sa copine) rappellent la cruauté acide d'un Todd Solondz.
Winter Vacation aligne ses gueules de clowns tristes, d'un vendeur de choux à une gaminette souffrant d'insomnie, dans un théâtre de l'absurde, inerte et engourdi, sentiment renforcé le temps d'une scène où un vieil homme regarde le show télé le plus cafardeux du monde à côté duquel une rediffusion du Renard un dimanche d'automne passerait pour une beach party en bikini fluo. Mais Winter Vacation n'est pas qu'une comédie programmatique. Li Hongqi déroute notamment par sa mise en scène, choix du grand angle qui donne une étrange importance au décor (une chambre vide, une rue désolée, un immeuble moche), refus du champ-contrechamp au profit de changements d'axe inattendus, et l'importance du son qui fait vivre ce monde qu'on ne voit pas, des explosions ou pétards à répétition au loin, une radio dont la mélopée criarde reste mystérieuse. Comment être utile à cette société-là? Les élèves restent cois, sans réponse. Le regard de Li Hongqi, lui, est aussi critique que singulier.