TIFF 2017: WinWin

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WinWin
Autriche, 2016
De Daniel Hoesl
Scénario : Daniel Hoesl
Photo : Gerald Kerkletz
Durée : 1h24
Note FilmDeCulte : *****-
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Quatre investisseurs, des loups déguisés en agneaux, parcourent le monde dans leurs jets, prêchent l'amour et l'argent. Tout n'est que poudre aux yeux. La vérité est un mensonge, parce que le mensonge est réel...

L'IVRESSE DE L'ARGENT

"Le problème est que la seule chose qui reste aujourd'hui est la religion de l'argent : les propos que le jeune cinéaste autrichien Daniel Hoesl a tenus au sujet de son précédent long métrage (le gonflé Soldate Jeannette, resté inédit chez nous) s'appliquent parfaitement à WinWin. Le générique de WinWin s'inscrit glorieusement dans le ciel, suggérant le statut de surhommes des personnages incarnés par ces acteurs (parmi lesquels Stephanie Cumming, découverte dans Shirley, un voyage dans la peinture d'Edward Hopper). Des investisseurs débarquent, négocient, repartent : les discussions restent tout à fait nébuleuses mais peu importe.

Le découpage volontairement artificiel nous donne un indice sur la mascarade qui se joue. Que cherchent-ils à vendre ? A sauver ? On s'en fout. La réalité ici déformée est celle d'un monde décapité, obsédé par le pognon et qui continue de marcher tout seul. Soldate Jeannette traitait déjà des masques sociaux, avec un rire presque inconvenant. Hoesl radicalise sa recette: ici, on peut bien débiter les pires conneries de face, avec le sourire. Les personnages sont filmés comme dans le faux-cool d'une pub Zalando. On s'extasie sur la confection d'un sac à main comme aux Reines du Shopping et Charlize Theron pourrait débarquer à tout instant pour soupirer des "J'adore" dans des petits salons dorés.

"Mettre des masques règle tous les problèmes de la vie": dans WinWin, les loups de la finance ne s'en donnent même plus la peine. Le cynisme féroce de Daniel Hoesl a quelque chose à dire : lorsque la culture est réduite dans le long métrage à un QCM appris la veille, Hoesl filme en creux la perte d'identité. Danser déguisé en poussin, se peinturlurer la tête ne sont que les expressions les plus évidentes de cette farce dont le reflet monstrueux déborde de l'image. Le cinéaste saisit la pulsion morbide à l’œuvre dans une esthétique rutilante et un jaune qui pète. Le format carré choisi par Hoesl convient parfaitement pour filmer les visages de ce défilé de têtes à claques tandis que le montage les isole comme autant de marionnettes - "It's a win-win situation", nous assure t-on. Comme l'indique le générique de fin, nous sommes bel et bien dans le "Bad Kingdom"...

par Nicolas Bardot

En savoir plus

WinWin est présenté cette semaine au Transilvania International Film Festival qui est à suivre en direct sur FilmDeCulte.

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