Will You Still Love Me Tomorrow ?
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Le timide Weichung est marié à Feng depuis neuf ans. Ils ont un fils et Feng souhaiterait avoir un deuxième enfant. Un jour, Weichung retrouve Stephen, un ancien ami qui l’incite à revenir à la vie qu’il menait avant son mariage, lorsqu'il était homosexuel.
LE MIRACLE DE L’AMOUR
On avait repéré en festival le cinéaste taïwanais Arvin Chen il y a trois ans avec son premier film (inédit en France), le ludique et charmant Au Revoir Taipei. Will You Still Love Me Tomorrow creuse avec succès le même sillon d’une légèreté pas nunuche, d’une festivité pas forcément dupe. Sur un sujet qui, pour un public occidental, appelait à priori le sérieux (la pression sociale poussant les homosexuels taïwanais à se marier pour sauver les apparences), Chen choisit l’humour et la finesse, les traits d’esprit qui pétillent, les couleurs qui explosent et les chansons pop chantées bourré mais fier au karaoké. Un angle de vue pas moins militant (on est loin des clichés victimisant des mauvais films de festivals), et surtout cinématographiquement payant. En empruntant autant à la comédie musicale (dans sa mise en scène) qu’aux feuilletons à l’eau de rose (dans sa dramaturgie), Chen crée un film rythmé, souvent très drôle, à l'énergie contagieuse.
La légèreté du film n’est jamais superficielle. Père de famille casé, Weichung voit son passé gay ressortir (presque littéralement par une porte de placard!) grâce à un nouvelle rencontre avec un inconnu. Sa femme souhaite de son coté avoir un autre enfant de lui. Autant dire que le conte de fées de l’un ne pourra s’accomplir qu’en piétinant les cendres de l’autre. C’est là tout le talent d’Arvin Chen : parvenir à traiter aussi sérieusement d’un amour naissant déluré et d’un amour mourant et désabusé, de les faire cohabiter en un mélange assez inédit où le sérieux n’empêche jamais l’humour et vice versa. Parler de mauvais esprit serait faux mais Will You Still Love Me Tomorrow, qui est après tout une comédie sur la redécouverte d’une sexualité oubliée (combinaison déjà rare), possède bel et bien une légère ironie en filigrane.
Ironique en effet dans sa manière de faire swinguer le schéma de la famille nucléaire classique, Will You Still Love Me Tomorrow ne tombe jamais pour autant dans le cynisme. Chen ne se place jamais au-dessus de ses personnages : ceux–ci sont pleinement conscients des risques et problèmes qui les entourent, mais gardent un ressort et une bienveillance communicatives. Le dénouement doux-amer est assez inattendu, mais la joie générale du film n’était pas un leurre. Chen croit à son conte de fées et nous aussi. Il est simplement plus sérieux et profond qu’il n’y parait.
