The We & the I
France, 2011
De Michel Gondry
Scénario : Michel Gondry
Durée : 1h43
Sortie : 12/09/2012
C'est la fin de l'année. Les élèves d’un lycée du Bronx grimpent dans le même bus pour un dernier trajet ensemble avant l’été. Le groupe d'adolescents bruyants et exubérants, avec ses bizuteurs, ses victimes, ses amoureux… évolue et se transforme au fur et à mesure que le bus se vide. Les relations deviennent alors plus intimes et nous révèlent les facettes cachées de leur personnalité…
SUR LA ROUTE
Bien malin celui qui pourra suivre la trajectoire de Michel Gondry. Après avoir fait ses preuves, et de quelle manière, en imposant son univers décalé, rêveur, lunaire, mélancolique et bricolo du clip au cinéma, après avoir remporté un Oscar, après avoir dirigé George Clooney dans un de ses meilleurs rôles (les pubs Nespresso), on aurait pu penser que Gondry allait s'installer. Un documentaire sur sa tante et un film de super héros plus tard (L'Epine dans le coeur, The Green Hornet), et on avait déjà une réponse: Michel Gondry ne se laisse pas passer de ficelle autour du cou. The We & the I confirme cette trajectoire libre, quasi expérimentale, quitte à faire quelques sorties de route. On a longtemps peur que The We & the I se prenne les pieds dans son concept et pour être tout à fait honnête, le résultat est loin d'être parfait. L'expérience piétine à plusieurs reprises, avec la pénible sensation, parfois, d'être assis dans le bus des personnages et de subir leurs hurlements débiloïdes, comme l'impression de retrouver les pires cons que vous avez fui, avec soulagement, au collège.
Mais peu à peu cette limite devient l'attrait de The We & the I. Les jeunes acteurs jouent plus ou moins leurs propres rôles, avec leurs propres mots, Michel Gondry est au mix de ce flow non-stop, quelquefois drôle, souvent assommant. Mais on n'est pas face à des machines à blagues, comme peut l'être Seth Rogen, l'étouffante star de The Green Hornet. Par sa crudité, sa spontanéité, ses ratés, The We & the I impose son ton cash, quitte à faire de ses jeunes héros de simples cons. Mais de vrais ados. Peu à peu c'est cette vie qui palpite et qui s'échappe du brouhaha, sentiment encore plus évident alors que le temps passe, le soleil décline à travers les vitres, et le bus se vide. D'abord juste potache, le film finit par capter quelque chose de ce dernier jour d'école, ces premières heures de vacances, cet été qui s'annonce interminable, ce soir new-yorkais. Quelque chose aussi de l'effet de groupe, abrutissant, et des personnages qui se révèlent lorsqu'ils sont seuls sur leur banquette. Le voyage n'est pas de tout repos mais vaut le coup d'être vécu.