We Need To Talk About Kevin
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Royaume-Uni, 2011
De Lynne Ramsay
Scénario : Lynne Ramsay
Avec : Ezra Miller, John C. Reilly, Tilda Swinton
Musique : Jonny Greenwood
Durée : 1h50
Sortie : 28/09/2011
Eva a mis sa vie professionnelle et ses ambitions personnelles entre parenthèses pour donner naissance à Kevin. La communication entre mère et fils s’avère d’emblée très compliquée. A l’aube de ses 16 ans, il commet l’irréparable. Eva s’interroge alors sur sa responsabilité. En se remémorant les étapes de sa vie avant et avec Kevin, elle tente de comprendre ce qu’elle aurait pu ou peut-être dû faire.
KINDER DÉLICE
Cela faisait 9 longues années que l'on était sans nouvelles de Lynne Ramsay, talentueuse réalisatrice britannique de Ratcatcher et du Voyage de Morvern Callar. We Need to Talk About Kevin rappelle, dès ses premiers instants, l'étrangeté des images de la cinéaste, plongée dans la transe de la Tomatina, fête espagnole où la bataille de boules de neige est remplacée par une bataille de tomates, bain exutoire et écarlate duquel émerge Eva (Tilda Swinton). Un rouge qui est le motif du film de Ramsay, rouge des phares éblouissants des voitures, rouge des démons de Halloween, rouge, évidemment, du sang. We Need to Talk About Kevin raconte l'histoire d'une maternité qui tourne mal, d'un infernal rapport de force entre une mère et son fils, d'une femme qui s'enferme dans son rôle de mère comme elle s'enferme malgré elle dans sa banlieue et loin de ses aspirations personnelles. La cruauté enfantine était déjà l'un des thèmes de Ratcatcher, qui mélangeait réalisme social et onirisme bizarre où l'on envoie des rats s'envoler vers la lune. We Need to Talk About Kevin étourdit comme la haine rentrée des personnages, haine jusqu'à la folie, jusqu'à n'en plus connaître la raison.
Lynne Ramsay joue avec talent de la perte des repères, réalité devenue abstraite, comme cet enchainement saisissant: après un plan sur la fillette de la famille, contrechamp sur le visage de sa mère qui s'avance. On s'attend à les voir réunies, mais la mère, comme dans un effet de 3D où elle sortirait de l'écran, enfonce son visage dans l'eau - image comme d'autres qui n'est pas là où on l'attend, tout comme cette mère, ou ce fils qui fait la révérence sous le drapeau américain. Parfois un peu trop écrasant, le film a pour lui, évidemment, la grande qualité de son actrice, mais aussi une écriture sans concession, une forme toujours à l'écoute de son récit, qui font de We Need to Talk About Kevin un long métrage impressionnant.
