Warcraft, le commencement
Warcraft
États-Unis, 2016
De Duncan Jones
Scénario : Duncan Jones, Charles Leavitt
Avec : Dominic Cooper, Ben Foster, Toby Kebbell, Paula Patton
Photo : Simon Duggan
Musique : Ramin Djawadi
Durée : 2h04
Sortie : 25/05/2016
Le pacifique royaume d'Azeroth est au bord de la guerre alors que sa civilisation doit faire face à une redoutable race d’envahisseurs: des guerriers Orcs fuyant leur monde moribond pour en coloniser un autre. Alors qu’un portail s’ouvre pour connecter les deux mondes, une armée fait face à la destruction et l'autre à l'extinction. De côtés opposés, deux héros vont s’affronter et décider du sort de leur famille, de leur peuple et de leur patrie.
WARCRAP
Rares sont les films où la bande-annonce ne ment pas sur la marchandise. Malgré de bonnes intentions, dans la mise en image et dans l'approche d'adaptation, Warcraft est exactement le blockbuster d'heroic fantasy tristement générique que laissait entrevoir sa promo. Dans un premier temps, l'ouvrage paraît plus banal que foncièrement mauvais mais, passée une première heure qui semble ne jamais vouloir démarrer, force est de constater que le scénario ne construit rien d'un tant soit peu engageant et encore moins d'original. La volonté d'adapter la possibilité de choisir d'incarner un orc ou un humain en faisant adopter au récit les deux points de vue est appréciable. Toutefois, la démarche serait plus pertinente si elle était servie par un véritablement positionnement thématique. Là où un film comme Captain America Civil War s'efforce à rendre le choix de chaque camp compréhensible, Warcraft se contente d'une bête guéguerre avec des membres corrompus dans chacun des camps et donc de vrais méchants contre de vrais gentils.
De toute façon, les personnages sont d'une pauvreté terrible. Chez les humains, une pléthore d'acteurs dépourvus de charisme galèrent dans des rôles qui ne sont jamais caractérisés au-delà de leur fonction. "Alors lui, c'est le mage. Et lui, c'est le soldat. Lui, c'est le roi." Etc. Dans un RPG, la nature transparente est moins gênante car c'est le joueur qui play le role et lui apporte sa personnalité mais dans un film, cette absence de motivation et d'enjeu personnel est fatale. Qui est-il? qu'est-ce qu'il veut? Pourquoi? Si le scénariste ne se pose pas ces questions concernant ses protagonistes, ils n'existeront pas à l'écran. Il suffit de voir la relation absolument intangible entre le héros et son fils pour en juger. Avec les orcs, Duncan Jones prend davantage de soin à l'écriture de façon à rendre possible l’identification du spectateur avec ces grosses masses d’images de synthèse et ce sont les rares moment où la mise en scène n'est pas complètement impersonnelle. Néanmoins, malgré une performance capture réussie, la sauce ne prend jamais comme pour un Gollum ou même le reboot de La Planète des singes. Une fois n'est pas coutume, l'argument "on dirait une cinématique de jeu vidéo" est on ne peut plus justifié.
D'un point de vue formel, le film manque cruellement de relief, de texture. L'absence de zones d'ombre rend la photo aussi fade que les comédiens. Difficile de retrouver le réalisateur de Moon dans cette mise en scène qui pourrait tout aussi bien être signée du réalisateur des Narnia ou d'Eragon. Même dans l'action, il n'y a pas la moindre idée. On peut penser ce qu'on veut des derniers films de Peter Jackson, le cinéaste n'a de cesse de composer des morceaux de bravoure généreux et inventifs (la course à travers la grotte des goblins dans Un voyage inattendu, la scène des tonneaux dans La Désolation de Smaug, la poursuite en traîneau de la version longue de La Bataille des cinq armées). Ici, c'est 106 fois la même image du géant orc qui abat son marteau sur un humain ou d'un humain qui transperce un orc. Ce n'est que dans les dernières minutes qu'un rebondissement surprend quelque peu mais, s'il y a une justice, cette mise en place d'une franchise cinématographique à venir ne restera que la préquelle inutile et même pas divertissante d'une série de jeux.