Wall Street : l'argent ne dort jamais

Wall Street : l'argent ne dort jamais
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Wall Street : l'argent ne dort jamais
États-Unis, 2010
De Oliver Stone
Scénario : Allan Loeb, Stephen Schiff
Avec : Josh Brolin, Michael Douglas, Shia LaBeouf, Frank Langella, Carey Mulligan, Susan Sarandon, Eli Wallach
Photo : Rodrigo Prieto
Musique : Craig Armstrong
Durée : 2h16
Sortie : 29/09/2010
Note FilmDeCulte : ****--

Wall Street, New York : en plein krach boursier de 2008, un jeune trader, Jacob Moore, est prêt à tout pour venger son mentor, que d'obscures tractations financières ont poussé au suicide. Il demande de l'aide à Gordon Gekko, le meilleur - et le pire - des gourous de la finance, qui vient de sortir de 20 ans de prison pour délit d'initié. Jacob va apprendre à ses dépens que Gekko reste un maître de la manipulation, et que l'argent ne dort jamais.

LA RUE DE LA HONTE

Après deux films ambitieux mais inaboutis, Oliver Stone tenait un sujet en or avec cette suite à son succès de 1987. Etonnamment joyeux et brouillon, ce nouveau Wall Street est pourtant un film qui ne sait pas exactement où il va ; sur son chemin sinueux, il déçoit un peu, surprend beaucoup. Vingt-trois ans après, ce deuxième volet inattendu trouve sa raison d’être dans le meltdown financier de 2008 qui lui sert de toile de fond. Le « Greed is good » de Gordon Gekko est devenu le cri de ralliement d’une génération de traders, mais Gekko lui-même sort de prison pour découvrir un monde qu’il ne connaît plus. Animal et suave, Michael Douglas se glisse avec plaisir dans la peau du personnage-culte qui lui a valu un Oscar, mais campe cette fois un Gekko en apparence assagi. Assagi lui aussi, Oliver Stone : son film, plutôt enlevé, ne manque pas de trouvailles de montage. Mais la rage du cinéaste semble un peu dispersée. Peut-être a-t-il peur de perdre son spectateur dans une nuée de chiffres, mais il n’ose pas le thriller intellectuel que le film aurait pu, aurait du être.

TON UNIVERS IMPITOYABLE

Est-il besoin d’une poursuite en moto dans un Wall Street ? La question peut se poser, car Stone et ses scénaristes ont opté pour des enjeux plutôt mélodramatiques qui instillent une tension parfois gratuite. La relation entre le personnage de Shia LaBeouf (comme d’habitude assez bon) et Winnie, la fille de Gekko (Carey Mulligan), conduit à une intrigue bis un peu naïve qui ne se marie pas toujours avec la charge contre le système que le film essaie d’être. Ce nouveau Wall Street est à bien des égards plus sentimental que le premier, d’un sentimentalisme à la Capra, comme si la rudesse du constat économique que le film dresse devait à tout prix être contrebalancée. Ce choix, Stone le fait pour le meilleur (une splendide scène entre Winnie et son père) mais aussi pour le pire (un final précipité qui fait honte au personnage de Gekko). Heureusement que le cinéaste semble trouver un nouvel équilibre dans sa mise en scène, vive, décalée, imaginative, quelque part entre son classicisme des années 80, et l’épilepsie des 90s. On ne l’avait pas vu en aussi belle forme depuis quelque temps.

par Liam Engle

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