W.

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W.
États-Unis, 2008
De Oliver Stone
Scénario : Stanley Weiser
Avec : Elizabeth Banks, Josh Brolin, James Cromwell, Richard Dreyfuss, Toby Jones, Jeffrey Wright, Noah Wyle
Photo : Phedon Papamichael
Musique : Paul Cantelon
Durée : 2h11
Sortie : 29/10/2008
Note FilmDeCulte : *****-
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2002. George W. Bush, aidé de ses conseillers Condoleeza Rice et Karl Rove, entreprend de vendre la guerre en Irak au peuple américain…

WTF ?

Tourné et monté en un temps record (les prises de vues ont commencé en mai), W. avait à plus d’un titre de quoi inquiéter. Qu’est-ce qu’Oliver Stone, un réalisateur que certains estiment bouffé par sa propre caricature, allait faire de la biographie de George W. Bush, qui plus est avec un film fabriqué dans l’urgence ? Le résultat est un portrait légèrement satirique du 43e Président des Etats-Unis loin de tout ce que Stone avait fait avant. Sans surprise, il n’y a pas l’ampleur d’un Nixon. Ni la verve d’un Tueurs-nés. C’est un film moins fiévreux, plus fragile que ses précédentes œuvres, mais en aucun cas moins personnel. En s’attaquant à Bush, Stone fait moins le portrait d’un homme au pouvoir que celui du rêve d’accéder à la présidence. Construit en flash-backs qui montrent en alternance la jeunesse de W., de la fac à son accession au poste de gouverneur du Texas, et la préparation de la guerre en Irak, le film se construit principalement autour du rapport de Bush avec son père.

MR. BUSH A LA MAISON-BLANCHE

Comme dans l’imparfait mais sincère Alexandre, le fils du souverain tente de se construire dans l’ombre du père. « Pour qui tu te prends, un Kennedy ? », George H.W. Bush (le bon James Cromwell) demande à son incapable de fils. Jeb est celui qui a les faveurs de Bush Sr. et de Barbara (Ellen Burstyn, trop peu présente). A Bush alors de se prouver aux yeux de ses parents, et de monter peu à peu l’échelle du pouvoir jusqu’à être en position… de détruire la dynastie. Après un premier acte plutôt léger qui montre le Bush bon-à-rien des années fac, la meilleure partie du film concerne l’ascension progressive d’un homme appelé par Dieu à devenir président et venger la défaite de son père. C’est un film qui traite un sujet finalement plutôt rare : la motivation d’un homme d’accéder à la Maison Blanche. Et à travers le portrait nuancé et souvent touchant que Stone fait de Bush, W. devient sans le vouloir plus proche de Capra que de Docteur Folamour.

BEING W.

Les traits sont ceux de Josh Brolin, les cheveux ceux de Bill Clinton, mais la voix, l’attitude, la personnalité… tout le reste crie Bush. L’acteur, sur une lancée décidément impressionnante, créé un W. non seulement saisissant de précision, mais également plein d’humanité. Brolin/Bush survole le film, magistral. C’est lui qu’on cherche à saisir, à discerner. La performance de l’acteur est pour beaucoup dans ce portrait plein d’empathie pour le président, de la même manière qu’Anthony Hopkins avait aidé Stone à brosser un Nixon tristement humain. Autour de lui, un cast plutôt brillant peuple la Maison Blanche de Stone. Les dangers de l’imitation ne sont jamais loin, car mis à part les dilemmes de Colin Powell (un bon même si parfois forcé Jeffrey Wright), on ne verra les conseillers que de l’extérieur. Mais dans l’ensemble le groupe s’en tire avec les honneurs, la palme revenant à Richard Dreyfuss qui insuffle à Dick Cheney une présence redoutable.

W COMME ICARE

On l’a dit, la partie la plus réussie concerne l’ascension de W. Une fois président, c’est là que le film devient étrange, fascinant et imparfait. En brassant des évènements encore frais dans les mémoires (mais en éludant intelligemment le 11 septembre), Stone fait œuvre de funambule en tentant de discerner l’important du futile, le symbolique du factuel… Le film n’a pas la portée révisionniste d’un JFK ou d’un Nixon et colle d’assez prêt à des faits largement rapportés dans de nombreux, et sérieux, ouvrages. Pour certains, c’est là que le bât blesse. La décision d’autoriser la torture à Guantanamo s’est-elle jouée en un seul repas ? La guerre en Irak a-t-elle été débattue une fois pour toute lors d’une unique réunion (montrée via une impressionnante scène de 11 minutes) ? Evidemment que non. Le film mérite-t-il d’être affiné sur certains points ? Sans aucun doute. Mais Stone est un artiste, un dramatist comme il aime à le dire. Ce qui l’intéresse, que ce soit il y a quatre ans ou en 200 av. J.C., c’est l’ascension puis la chute d’un homme qui aura visé trop haut et, tel Icare, se sera brûlé les ailes. Les films de Stone sont souvent revus à la hausse dans les années qui suivent, et ça pourrait bien être le cas de ce parfois brouillon, parfois obtus, souvent sincère W. Certes, c’est un film fait dans l’urgence. Mais moins l’urgence de dénoncer que celle de comprendre.

par Liam Engle

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