Voltiges
Apflickorna
Suède, 2011
De Lisa Aschan
Scénario : Josefine Adolfsson, Lisa Aschan
Avec : Linda Molin, Mathilda Paradeiser
Photo : Linda Wassberg
Musique : Sami Sänpäkkilä
Durée : 1h24
Sortie : 03/08/2011
Emma et Cassandra se rencontrent dans un centre de voltige équestre. S'instaure une relation de pouvoir mêlée de séduction entre les deux adolescentes au mimétisme déroutant...
CHEVAL DE GUERRE
Premier long métrage de la Suédoise Lisa Aschan, repérée à Tribeca avant d'intégrer la compétition du Festival Paris Cinéma, Voltiges, malgré son décor original (un centre de voltige équestre), s'inscrit dans une longue lignée de récits d'apprentissage féminins. Qu'est-ce qui différencie Voltiges de la masse, lui permet d'ondoyer au-dessus des autres? Pendant un long moment pourtant, le long métrage semble justement bridé par ce déjà vu, jeux de domination, émois lesbiens, introversion adolescente, quelques plans sur la nature et une musique qui grésille. Mais Voltiges travaille à l'usure, à la frustration, et la jeune Lisa Aschan témoigne déjà de réelles qualités d'architecte, accumulation et non-événement, du cliché jusqu'à l'imprévu. La même image, à deux moments différents du film, peut avoir deux sens: faire une natte peut être une coquetterie de jeune fille sage, mais plus tard, on se tresse les cheveux comme on irait au combat. L'héroïne, sosie scandinave de Emma Watson, offre d'abord bien peu de prises. Mais ce qu'on a d'abord pris pour une passivité peu payante dramatiquement parlant cache en fait un choix tranché, une protection, un couvercle sur la marmite, une résignation déjà à l'âge des premières amours - on ne dresse pas ses pulsions ou celles d'autrui comme on dresse un chien.
En contrepoint, Aschan fait le portrait de la jeune sœur. Son éveil à la féminité, à la sensualité, alors même que son père ne juge pas nécessaire que son maillot de bain comporte un haut. Des scènes comiques mais grinçantes aussi, lorsque la petite singe la stripteaseuse dans un bikini couleur savane. Quand elle l'enfile, pourtant, son premier geste, comme un jeu, est de se dessiner des moustaches de fauve sur le visage. C'est dans son dernier tiers que Voltiges prend, justement, son envol. Lorsque Aschan sort des rails, comme son héroïne. Ne pas s'attendre pour autant à une explosion spectaculaire, Voltiges ne baisse pas la garde. Mais l'atmosphère de nuit orageuse, l'intrusion menaçante dans cet univers de rigueur, et la douleur ouatée tournent d'un coup à l'inquiétude, l'imprévisible invité dans ce programme jusqu'ici millimétré, comme une représentation de voltige sur un cheval. Une premier essai humble et prometteur, qui permet à Lisa Aschan d'ajouter son nom sur la liste déjà riche de ceux qui mettent en ébullition le cinéma nordique.