Vito
Au tout début des années 1970, le jeune Vito Russo devient l’un des membres les plus en vue du mouvement gay encore balbutiant aux Etats-Unis. Il est ainsi le premier à s’intéresser aux représentations des gays et des lesbiennes dans le cinéma hollywoodien, et le succès de son livre Celluloid Closet en 1981 fait de lui l’un des porte-paroles de la communauté. Un rôle qu’il endosse aussi dans la lutte contre l’homophobie et en particulier dans la lutte contre le sida puisqu’il participe à la création de deux associations aussi essentielles que GLAAD et Act Up. Ce documentaire retrace son parcours de militant jusqu’à sa mort du VIH en 1990.
REBEL WITH A CAUSE
Filmeur et archiviste infatigable, l'Américain Jeffrey Schwarz (lire notre entretien) a réalisé une centaine de documentaires, courts et longs métrages... en une quinzaine d'années. Un certain nombre d'entre eux sont consacrés au cinéma. Parmi ces films, certains sont plus particulièrement centrés sur des figures queer du cinéma comme Divine, héroïne de I Am Divine qui fait le réjouissant portrait de l'icône immortelle des films de John Waters. Avec Vito, Schwarz dresse le portrait d'un cinéphile qui a signé un ouvrage essentiel sur la représentation LGBT au cinéma: The Celluloid Closet, qui a inspiré le passionnant documentaire de Rob Epstein et Jeffrey Friedman. Comment Hollywood a t-il traité l'homosexualité ? Comment a t-il influencé la perception du grand public ? La question est politique. Et les préoccupations de Vito Russo le sont également, au-delà du strict cadre du cinéma.
Figure de l'activisme gay assez méconnue chez nous, Russo est mort du sida au début des années 90. Sa vie, retracée par Schwarz, est intimement liée à une Histoire des LGBT, des émeutes de Stonewall à la création de GLAAD et Act Up en passant par son implication dans la lutte contre le VIH, à une époque où le gouvernement Reagan freinait des quatre fers pour faire avancer la recherche. A l'image d'I Am Divine, Vito ne se distingue pas par ses qualités cinématographiques, plutôt par son sens de la pédagogie. Schwarz s'efface derrière la personnalité de son sujet, qui n'arbore pas le maquillage extravagant de la muse de John Waters mais qui possède au moins autant de tempérament. Et lorsque Vito s'insurge de politiques qui débattent des droits des homosexuels "sans nous consulter", ses indignations d'hier paraissent parfaitement actuelles.