Etrange Festival: Visitors

Etrange Festival: Visitors
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Visitors
États-Unis, 2013
De Godfrey Reggio
Musique : Philip Glass
Durée : 1h27
Note FilmDeCulte : *****-
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En 74 plans dénués de parole, Visitors nous propose une réflexion sur la vie, sur les technologies modernes et sur nous-mêmes.

LES VISITEURS DU SOIR

Ceci n’est pas du cinéma expérimental : c’est Godfrey Reggio, souvent présenté comme un cinéaste expérimental et réalisateur de la fascinante trilogie Koyaanisqatsi / Powaqqatsi / Naqoyqatsi, qui l’a indiqué en ouverture de la projection de Visitors à l’Étrange Festival. Il y a, il est vrai, quelque chose d’assez curieux à immédiatement mettre dans cette case un film dès lors qu’il sera hors des conventions narratives habituelles – finalement, toute création artistique devrait être une expérimentation. Visitors est une succession de 74 plans muets, en noir et blanc, au ralenti, sur une musique de Philip Glass. Plans de nature, de bâtiments, de visages, d’animaux. C’est l’essence-même du quotidien qui est étrange, mais le voit-on seulement ?

Les images sans paroles de Visitors sont extrêmement expressives, plus que bien des films parlés. Ne vous concentrez pas sur le sens, a conseillé Reggio, qui souhaite l’expérience plus viscérale que cérébrale. Ici, l’expressivité du portrait d’un homme, d’un immeuble, de la nature, par le relief de la peau, d’un building, de la terre ou bien l’écorce des arbres. Il y a une poésie majestueuse dans ces plans de marais désolés, de décharge à la renverse, du regard paisible d’un gorille. Visitors est une œuvre de dé-programmation, pas de celles préoccupées par le temps de cerveau disponible. Il est beaucoup question de temps dans Visitors, ou plutôt de la création d’un espace hors de toute temporalité, par la lenteur des plans, par leur enchainement, par ce qui s’y passe et par la musique répétitive de Glass. Il est aussi question, évidemment, de regard : ce qu’on voit, ce qui nous regarde, et ce que sont en train de regarder ceux que nous voyons à l’écran. Un match de basket ? Un jeu vidéo ? La télévision ? Il n’y aura pas de contrechamp dans cet impressionnant essai poétique visuellement renversant, minimaliste et monumental, dont le dernier plan en mise en abyme illustre le principe immersif.

par Nicolas Bardot

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