Visitor Q

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Visitor Q
Visitor Q
Japon, 2001
De Takashi Miike
Scénario : Itaru Era
Avec : Kenichi Endo, Shungiku Ushida, Kazuchi Watanabe
Durée : 1h24
Sortie : 23/10/2002

Pendant que fiston bat maman à mort, papa prostitue et abuse de fifille. La vie de famille n'est pas toujours rose au pays du soleil levant...jusqu'au jour où arrive un visiteur qui va agir comme une bombe sur les comportements de tout ce beau monde.

Tourné dans le cadre d'un projet comprenant six films dont le thème était l'amour, Visitor Q subit, budget limité oblige, l'usage affreux d'une DV donnant l'impression de voir le film de vacances d'une famille de cas sociaux. Le choc initial empêche de se rendre compte que la laideur visuelle n'est rien par rapport à l'amoncellement d'ordures qu'il va falloir supporter durant 1h24. En filmant l'explosion, puis la reconstruction d'une cellule familiale, Miike donne sa propre vision de la Japanese Beauty: nécrophilie, inceste, prostitution, drogue, scatologie, viol sont ainsi au menu des réjouissances.

On connait le goût de Miike pour l'extrême après avoir vu son premier film diffusé en France, intitulé Audition, contant l'histoire d'un loup vengeur déguisé en agneau docile (il s'agit en réalité de son dixième long métrage, le stackhanoviste nippon ayant tourné la bagatelle de vingt-deux films en sept ans). Miike y manipulait de manière intelligente le sadisme naturel du spectateur et lui rendait attachant un monstre de cruauté. Le réalisateur y faisait preuve d'une réelle maîtrise, établissant un minutieux tempo en crescendo, la première partie du film servant en quelque sorte d'anesthésie, afin de mieux surprendre avec un final coup de poing au montage judicieux, provoquant une énorme jubilation. Rien de tout cela dans Visitor Q, dont le seul but semble être d'accumuler les morceaux de bravoure crades et gratuits (papa s'accouple avec un cadavre qui lui défèque dessus, papa prostitue sa fille, fiston délaisse sa chambre aux couleurs des Morning Musume pour se rouler dans les mouillures vaginales de maman qui inondent la cuisine...) pendant que Audition donnait une véritable logique à des scènes ayant la possibilité de choquer.

Il est donc fort malheureux de voir ce petit Mickey se fourvoyer dans l'imbécilité la plus crasse, alors que l'on sait ce dont il est capable. Ici, Takashi Miike semble confondre expérimentation et n'importe quoi absolu, audace et bêtise plus ou moins assumée. Un point de vue intelligent aurait peut être donné un sens à cet accumulation d'actes immoraux, censés chercher un vif écho dans l'assistance. On reste surtout navré devant ce spectacle d'une rare débilité - à voir si vous êtes du genre à tomber en pamoison devant une giclure de vomi dans un couloir glauque de métro.

par Nicolas Bardot

En savoir plus

Une lycéenne stripteaseuse hermaphrodite qui lance des fléchettes avec son sexe, une jeune femme qui plante des aiguilles dans les yeux de son amoureux et lui coupe les pieds, un journaliste qui couche avec le cadavre d'une consoeur tout en constatant le relâchement de ses sphincters... Voilà quelques aperçus du cinéma sado-masochiste de Takashi Miike. Avec une constante: la violence absurde et extrême d'une société en manque de repères. Né en 1960 à Osaka, Takashi Miike est d'abord l'assistant de Shohei Imamura. Il passe à la réalisation en 1991, avec des films destinés au marché de la vidéo. Extrêmement prolifique (une cinquantaine de films en dix ans), il tourne son premier long-métrage de cinéma, Les Affranchis de Shinjuku, en 1995. C'est en 1996, avec Fudoh (dont Graine de Yakuza est le titre français), qu'il commence à se faire un nom au Japon. Il ne cesse dès lors de tourner pour le cinéma. Audition (1999), qui fait le tour planétaire des festivals, le révèle auprès du public occidental. Visitor Q fait partie d'une série de films tournés en DV sur le thème de l'amour. La vision qu'en a Miike lui est vraiment très personnelle...

Takashi Miike appartient ce qu'il convient bien d'appeler la nouvelle vague du cinéma japonais. Parmi ses confrères de talent qui la composent, c'est sans doute avec Shinya Tsukamoto qu'il présente le plus de points communs. Tsukamoto a d'ailleurs tourné dans deux films de Miike (Dead or Alive 2 et Ichi The Killer ) et Miike a réalisé le making-of de Gemini. Un cinéma dans les deux cas sévèrement barré, même si la forme est plus classique chez Miike. Mais au final le choc est le même: celui d'une société japonaise qui fonce droit dans le mur.

Par ailleurs, Shungiko Ushida, qui interprète le rôle de la mère, est connue au Japon comme l'une des principales figures du manga underground.

Les films faisant partie du projet "Love cinema" sont les suivants:

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