Violet

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Violet
Belgique, 2014
De Bas Devos
Durée : 1h22
Note FilmDeCulte : ****--
  • Violet
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Jesse est témoin de l’agression dont est victime son ami Jonas. Paralysé par la peur, il ne peut aider ce dernier, qui meurt sous ses yeux. Suite à l’événement, Jesse se sent de plus en plus isolé par les réactions de ses amis ou de ses parents.

Violet est présenté cette semaine au Festival de La Roche-sur-Yon.

TÉMOIN MUET

Il y a des premiers films qui ne cherchent rien d’autre qu’à remplir le cahier des charges de ce que l’on attend d’eux et il y a heureusement des premiers films qui n’obéissent qu’à eux-mêmes. Violet n’est pas un film choc, son sujet (le deuil vu à hauteur d’ado) n’est pas particulièrement original, et il ne prend pas le spectateur à rebrousse-poil à coup de provocations. Et pourtant voilà un premier film belge qui détonne et se démarque du tout-venant grâce une intransigeance tranquille. Violet n’obéit qu’à lui-même, et c’est bien ce que l’on attend avant tout d’une première œuvre. Ce qui frappe ici en premier lieu, c’est la singularité du travail visuel et sonore. Les plans sont longs et intenses, mystérieux dans leur manière de ne pas avoir peur du silence, de laisser certains éléments en bord du cadre ou bien dans le flou. Comme dans des polaroïds, que les images soient sombres ou noyées de lumière chaude, le flou est tantôt à l’arrière-plan, tantôt au premier plan, et change même parfois en cours de scène. Le climax de cette mise en scène singulière étant sans doute la séquence du concert, l’une des scènes les plus impressionnantes vues à la Berlinale cette année : un long zoom stroboscopique sur le héros isolé dans sa bulle ouatée.

La mise en scène raconte le film, mais pas seulement. Le réalisateur Bas Devos n’oublie pas pour autant de raconter une histoire, et la tension créée par la forme du film vient à la fois traduire et s’ajouter à celle du scénario. Violet refuse la psychologie de comptoir et les explications trop faciles. Bas Devos filme avant tout de l’indifférence dans toute sa brutalité. L’indifférence feinte de Jesse face à ce qu’il a vécu ou l’indifférence de ses amis ou ses parents qui semblent aveugles à son traumatisme. L’agression en elle-même, l’enquête et ses conséquences sont laissées hors-champ, le film se concentrant plutôt sur des sentiments trop complexes pour être articulés dans des dialogues simplistes en forme de note d’intention. Violet est certes un film lent et parfois étouffant (presque trop), mais en se focalisant sur la perception plutôt que le réalisme à tout prix, le film parvient à retranscrire un sentiment de violent isolement, d’incompréhension face à ses propres sentiments et à un environnement devenant étranger. Un réalisateur à suivre.

par Gregory Coutaut

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