Violence des echanges en milieu tempéré

Violence des echanges en milieu tempéré
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Philippe, jeune diplômé, vient d’intégrer le prestigieux cabinet de consultants McGregor, dont les bureaux sont situés à La Défense. La première mission qui lui est confiée est de faire l’audit de Janson, une entreprise de province spécialisée dans la métallurgie. En améliorant la rentabilité de l’usine, son rapport doit permettre le rachat de l’établissement par un grand groupe international.

RESSOURCES INHUMAINES

"Violence des échanges en milieu tempéré". Difficile d’imaginer formule plus explicite. La violence, c’est celle d’une société où règne le chômage de masse. Le milieu tempéré, c’est le monde du travail régi en apparence par des règles policées. Mon tout, c’est un regard plus désespéré que celui de Laurent Cantet dans Ressources humaines, qui décrivait une forme de lutte des classes par le biais de la confrontation avec la figure paternelle. Le "message" de Jean-Marc Moutout est autre. Il montre la cruauté du système qui a atteint désormais tous ses rouages: la concurrence est partout, et pas seulement aux niveaux stratégiques. Elle concerne d’abord les ouvriers soucieux de conserver leur gagne-pain. En glissant sa caméra dans cette usine aux machines inquiétantes, produisant des alliages de métaux complexes, Moutout pointe du doigt la nouvelle donne. Qui oppose le savoir-faire des ouvriers aux techniques "managériales" les plus modernes. Qui voit la méfiance et le doute remplacer peu à peu la sérénité.

"WORK HARD, PLAY HARD"

Telle est la devise scandée par les employés de McGregor. Poussé par son mentor incarné par un Laurent Lucas faustien, le jeune Philippe cède peu à peu devant le modèle qu’il a appris à l’école: celui de la logique économique et du profit. A l’image du jargon technique utilisé, l’humain disparaît progressivement de son horizon professionnel. Les échanges avec les ouvriers de Janson virent rapidement au duel à mort, puisqu’il a le pouvoir de décider qui il faut ou non garder au sein de l’entreprise. Et l’apprenti consultant éprouve un certain plaisir à sortir vainqueur de ces têtes à têtes, filmés en gros plan par Jean-Marc Moutout. Par bonheur, le réalisateur nous ménage aussi quelques plages de respiration, autour de personnages dont l’énergie vitale n’est pas encore ternie par l’univers du travail (Eva l’amoureuse, Adji le cuisinier), et grâce à la sublime bande originale aux accents ry-cooderiens de Silvain Vanot. Elle ne contribue pas peu à la mélancolie latente qu’exhale Violence des échanges en milieu tempéré.

par Yannick Vély

En savoir plus

La bande originale de Violence des échanges en milieu tempéré n’est pas la première expérience de Silvain Vanot en la matière. L’auteur-compositeur-interprète a notamment déjà signé la musique des documentaires de Henri-François Imbert (Sur la plage de Belfast, Doulaye, une saison des pluies et No pasaran, album souvenir) et de plusieurs courts-métrages, dont l’un réalisé par Jean-Marc Moutout (Electrons statiques).

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