Vie des autres (La)

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Vie des autres (La)
Das Leben der Anderen
Allemagne, 2006
De Florian Henckel von Donnersmarck
Scénario : Florian Henckel von Donnersmarck
Avec : Werner Daehn, Martina Gedeck, Herbert Knaup, Sebastian Koch, Ulrich Mühe, Ulrich Tukur
Durée : 2h17
Sortie : 31/01/2007
Note FilmDeCulte : *****-
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Berlin Est, novembre 1984. Cinq années avant sa chute, la république démocratique règne d’une main de fer grâce notamment à un système sans pitié où dominent les contrôles musclés, les intimidations et autres surveillances secrètes. Quand Anton Grubitz décide de mettre sur écoute le dramaturge George Dreyman et sa compagne l’actrice Christa-Maria Sieland, il choisit son plus fidèle homme de main, Gérard Wiesler. Dreyman est soupçonné de ne pas être fidèle au système. Une nouvelle mission qui aura des conséquences inattendues pour Wiesler.

CONTRE-OSTALGIE

L’Histoire a toujours été un vivier d’idées pour les cinéastes; notamment de l’autre côté du Rhin où dernièrement entre La Chute, Sophie Scholl et maintenant La Vie des autres il ne se passe pas un an sans qu’elle ne s’affiche sur grand écran. Florian Henckel von Donnersmarck a choisi pour son premier long métrage de s’intéresser à la RDA, plus précisément aux agissements de sa police secrète, la Stasi, dont l’occupation principale était de constituer des dossiers sur les prétendus opposants au régime afin de les éliminer. Ainsi, après de longues et intensives recherches dans les archives, auprès d’historiens et autres témoins du passé (il a rencontré d’anciens agents de la Stasi et des victimes), le réalisateur a écrit un passionnant scénario. Celui-ci ne relate pas seulement une tranche d’histoire, il la transforme en un saisissant thriller psychologique auquel se mêle une tragique histoire d’amour. Le film, sorti en mars 2006 en Allemagne, fut un énorme succès critique et public et a accumulé les récompenses à la fois outre-Rhin, où lors de la cérémonie des Deutscher Filmpreis, l’équivalent de nos César, il a empoché sept récompenses, et à l’étranger où, après une impressionnante moisson lors de différents festivals, il est maintenant nommé pour l’Oscar du meilleur film étranger.

VIE PAR PROCURATION

Le film débute avec un interrogatoire mené impitoyablement par Wiesler, qui donne un aperçu des méthodes alors utilisées par la Stasi. Cette scène, montrée en alternance avec un séminaire donné par l’agent afin de former les nouveaux disciples de la police secrète, est primordiale afin de comprendre sa façon de penser. Ainsi, il est un adepte aveugle du système fédéral socialiste. Les interrogatoires, écoutes et autres fouilles d’appartements sont justifiés car moyens de servir son idéal: le Grand Socialisme. Seulement au cours de l’écoute intensive du couple Dreyman-Sieland, il va découvrir une nouvelle vie, celle des autres, dans laquelle l’amour, la musique, la liberté de penser et d’écrire coexistent harmonieusement. Il va alors lentement remettre en question son entière et médiocre existence et se sentir toujours plus inexorablement attiré par ce qui se passe en face, et ce d’autant plus facilement quand le Grand Socialisme lui-même va être ébranlé sur son piédestal. En effet, il va réaliser que l’idéologie est une chose mais que le pouvoir politique et les intrigues en sont une autre et que ce sont ces dernières qui mènent désormais la danse. Il va alors tenter de faire au mieux pour sauver la situation mais il est déjà trop tard pour faire marche arrière. Wiesler va alors mettre en place un dangereux double-jeu alors que Dreyman et Christa-Maria Sieland se déchirent.

Florian Henckel von Donnersmarck dessine un effrayant portrait de la vie sous le régime socialiste d’alors. Que ce soit à travers le destin de cette actrice obligée de se soumettre à un chantage sexuel afin de pouvoir continuer à jouer, ou du côté de la détermination et impressionnante efficacité de la police secrète. Il se focalise sur ce qui fait la force de ce régime à savoir les surveillances, la censure, voire l’auto-censure qu’il provoque. Pour se faire, il s’attache à ses personnages et les filme au plus près afin de les deviner et montrer comment ils se comportent et évoluent dans un tel environnement. La réussite de son film tient non seulement à la minutie de son scénario, et aux magnifiques cadres de Hagen Bogdanski, mais aussi et surtout à la pertinence de son casting. Tout particulièrement le grandiose Ulrich Mühe qui montre que le plus impitoyable des agents de la Stasi est également un homme. Les seconds rôles tenus par Sebastian Koch, Martina Gedeck ou Ulrich Tukur sont également brillants. Jamais l’ancien régime socialiste de l’ex-Allemagne de l’Est n’avait été montré de manière aussi analytique au cinéma. Good Bye Lenin! avait opté pour une fable douce-amère, La Vie des autres assume les faits.

par Carine Filloux

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