Vice-versa 2
Inside Out 2
États-Unis, 2024
Avec : Adèle Exarchopoulos, Diane Lane, Kyle MacLachlan, Amy Poehler
Durée : 1h36
Sortie : 19/06/2024
Riley est désormais une adolescente, ce qui n’est pas sans déclencher un chamboulement majeur au sein du quartier général qui doit faire face à quelque chose d’inattendu : l’arrivée de nouvelles émotions ! Joie, Tristesse, Colère, Peur et Dégoût - qui ont longtemps fonctionné avec succès - ne savent pas trop comment réagir lorsqu’Anxiété débarque. Et il semble qu'elle ne soit pas la seule...
BIS VERSA
Pendant longtemps, Pixar a évité de donner des suites à ses films à l'exception de la saga Toy Story dont chaque épisode réussissait à surpasser le précédent mais depuis un peu plus de 10 ans, plusieurs de leurs films ont eu droit à un tome supplémentaire et jamais le résultat n'a été du niveau du premier (même Toy Story a cassé sa règle). Cela étant dit, Vice-versa était peut-être l’œuvre se prêtant le plus à l'exercice - l'idée de voir évoluer les émotions de la jeune fille au fil des âges étant prometteuse - et simultanément le pari le plus risqué, la barre du premier film étant incroyablement haute pour ne pas dire inatteignable (les vrais savent qu'il s'agit du meilleur Pixar et d'un des meilleurs films d'animation de tous les temps). En outre, le génie Pete Docter ne rempilait pas, laissant la place à Kelsey Mann (que je croyais être une femme mais son patronyme aurait dû m'aiguiller).
Toutefois, s'il ne saurait se mesurer à son illustre prédécesseur, Vice-versa 2 se révèle tout de même une franche réussite. Ne se reposant pas sur ses lauriers, cette suite propose de nouveaux personnages et parvient à justifier leur existence par le biais d'une intrigue profondément ancrée dans la plus universelle des adolescences. La formule consistant à avoir d'un côté une intrigue des plus banales dans le monde extérieur - jadis, un déménagement, ici l'intégration d'un nouveau groupe d'amies - mais des conséquences épiques dans le monde intérieur marche toujours du tonnerre. On ne va pas se mentir, à l'instar des Toy Story, c'est un remake à peine déguisé du précédent chapitre, Anxiété remplaçant Tristesse dans son opposition avec Joie (mais incarnant un véritable antagoniste qui veut bien faire) et un McGuffin métaphorique se substituant à un autre pour une nouvelle histoire d'exil et de retour au bercail (mais ça c'est TOUS les Pixar, comme la thématique récurrente de la peur de l'oubli et de l'abandon), mais le voyage reste encore une fois très bien vu dans sa peinture des tourments du jeune âge et surtout toujours aussi inventif dans leur représentation conceptuelle.
Par contre, si le film est régulièrement drôle, que ce soit dans les gags plus slapstick ou l'humour des situations en passant par moult détails attestant que le studio n'est jamais à cours d'idées, l'émotion qui parcourait l'original n'est plus vraiment au rendez-vous. La puberté est certes moins le terreau d'émotions pures que pouvait être encore la pré-adolescence et la sortie de l'enfance (RIP Bing Bong, on ne t'oubliera jamais contrairement à Riley), le film n'a clairement pas la force de frappe des œuvres de Docter et ne se fait réellement touchant que dans les dernières minutes. Alors oui, on ne peut pas faire le coup de Bing Bong deux fois mais il manque une charnière émotionnelle similaire. Le film semble monter en épingle une idée amusante (le Dark Secret) tôt dans le film et je m'attendais à la voir intervenir à un moment opportun qui lierait et dénouerait tout mais elle ne sert finalement qu'à une blague moyenne en post-générique. Néanmoins, après avoir vu Andy grandir (et disparaître) au cours des Toy Story, c'est Riley qui pourrait devenir la véritable Antoine Doinel de Pixar. En tout cas, on serait ravis de la voir traverser les âges. Qui sait, peut-être Pixar oseront-ils d'évoquer des questions de sexualité et d'identité?