Versus
Japon, 1999
De Ryuhei Kitamura
Scénario : Ryuhei Kitamura, Yudai Yamagushi
Avec : Chieko Misaka, Tak Sakagushi, Hideo Sasaki
Durée : 1h59
Sortie : 20/02/2002
Deux prisonniers échappés retrouvent à l'entrée d'une forêt une bande de gangsters. La rencontre dégénère, plusieurs personnes sont tuées, et l'un des deux prisonniers s'échappe, accompagné d'une fille kidnappée. Les tueurs se lancent à leur poursuite, mais la forêt est le terrain d'une antique malédiction faisant revenir les morts à la vie. Le carnage peut commencer.
Oubliez tout ce que vous avez pu voir sur un écran. Faites-vous une idée de ce que le monstrueusement jouissif peut donner, et vous serez encore loin du compte. Car Versus, c'est encore plus que ça.
Arrivant miraculeusement sur nos écrans après les passages obligés dans tous les festivals de la planète, film au carrefour de plusieurs genres (manga, jeux vidéo, cinéma, etc.), Versus constitue le point de non retour de chacun de ces genres, l'apogée de plusieurs styles montés dans un ensemble incroyablement homogène. Bombe apocalyptique reprenant la construction d'un jeu vidéo, Versus a même l'insolence d'adapter ce qui est le précepte principal des jeux de combats : la multi-mortalité. Dans ce film au concept cyclique, Les personnages meurent et se réincarnent dans le plan suivant. Les combattants souffrent et se relèvent. L'histoire se répète, indéfiniment.
Mais peu importent finalement l'histoire et les personnages. Admettons, même si cela est faux, que tout ceci ne soit finalement qu'un prétexte... Admettons que les personnages n'existent pas, pas plus que l'histoire. Malgré tout, Versus reste l'aboutissement d'un genre qui a vu passer Tsui Hark, Matrix, John Woo, Sam Raimi, etc. Car Versus se veut, à la manière du Pacte des loups, la somme de tout cela, de tous ces genres et ces films qu'affectionne le cinéaste. Transcendant systématiquement son minuscule budget, le film, malgré les erreurs de montage, malgré les câbles parfois visibles, malgré les acteurs pas toujours parfaits, dépasse tout, enterre tout. Non pas forcément en qualité, mais en puissance. Loin d'être parfait, le film a simplement pour but d'être le plus incroyable qu'on ait vu sur un écran. Jugez plutôt :
Des personnages de jeux vidéo sont immobiles, en position de combat, l'espace de quelques secondes qui durent, qui durent... La musique démarre, se déchaîne, les personnages aussi. Utilisant des pistolets, des sabres, des mitrailleuses, leurs poings, ils défient toute pesanteur et se lancent les coups les plus puissants jamais encaissés par le spectateur, qui a déjà du mal à se relever de cet enchaînement de plans montés à l'arrache, ultra cut, mis en scène avec toute la grammaire cinématographique existante.
Ajoutez à cela les effets gore les plus drôles, les plus monstrueux jamais vus, les personnages les plus stéréotypés possible, un décor unique qui rend le film incroyablement étouffant, un humour disséminé par rares touches qui fait systématiquement mouche, et vous obtenez Versus.
Un pur plaisir de cinéphile, le moment ultime que tout gosse épris de cinéma d'action a rêvé d'atteindre un jour, la quintessence du bourrin, le sommet du cocktail action-horreur. Le parfait film d'action, le parfait film d'horreur, la parfaite adaptation de jeu vidéo, le parfait manga, etc. Mieux qu'un chef d'œuvre. Une date.