Vérité nue (La)
Where the Truth lies
Canada, 2005
De Atom Egoyan
Scénario : Atom Egoyan
Avec : Kevin Bacon, Sonja Bennett, Rachel Blanchard, Colin Firth, Alison Lohman, Karen O'Connor
Durée : 1h42
Sortie : 21/12/2005
FESTIVAL DE CANNES 2005 - Une jeune journaliste enquête sur la séparation d'un ancien duo comique, composé du chanteur Vince Collins et de l'humoriste Lanny Morris, après la découverte du corps d'une jeune femme dans leur chambre d'hôtel.
BAS LES MASQUES
Après Ararat, son projet le plus intime sur le génocide arménien, Atom Egoyan avait besoin d’une parenthèse artistique, d’un divertissement pour évacuer l’énorme pression qu’il s’était lui-même mise sur les épaules. Son choix s’est porté sur le best-seller de Rupert Holmes, Where the Truth Lies, pour différentes raisons. D'abord, il s’agissait d'adapter un roman stimulant à la narration éclatée, comme celle de De beaux Lendemains de Russell Banks, sans doute son meilleur long métrage à ce jour. Ensuite, porter à l’écran un polar ténébreux lui permettait de se frotter au cinéma de genre pour mieux en détourner les règles. Les premières scènes de La Vérité nue respectent les codes en vigueur. Le cinéaste canadien prend son temps pour installer les différents personnages et fixer son intrigue dans un cadre typiquement hollywoodien (costumes cintrés, femmes superbes et alanguies, villa sublime et vue panoramique). Très vite, Atom Egoyan balaie le mirage. Sous ses faux airs de polar chic et de production lambda se cache un véritable film d’auteur qui recycle les grands thèmes du réalisateur. Mais cette dichotomie entre un cinéma plus commercial et une approche auteurisante se greffe difficilement au récit.
LE PETIT CHAPERON BLOND
Pour la première fois, Atom Egoyan alourdit son propos d’une voix off pénible qui décrit l'action et vient inutilement dissiper une partie du mystère. Cette visite guidée passionne d’autant moins que le metteur en scène désamorce volontairement les grossiers coups de théâtre pour s’intéresser avant tout aux deux personnages masculins. Heureusement, ceux-ci sont flamboyants: deux faux salauds, deux vrais losers magnifiques incarnés avec classe par Kevin Bacon et Colin Firth. Comme souvent chez le cinéaste, l’histoire est un prétexte pour raconter un conte de fée subversif. On retrouve une nouvelle fois, après Exotica, De beaux Lendemains et Le Voyage de Felicia, les figures de la jeune adolescente innocente qui sème le trouble via sa sexualité naissante et celle de l’ogre prêt à dévorer sa proie pour, avant l’acte, la faire culpabiliser. Loin d'être au meilleur de sa forme, Atom Egoyan réussit néanmoins quelques scènes magnifiques et reste un immense directeur d’acteurs. Dommage que le scénario ne soit pas à la hauteur de son talent et que plane perpétuellement un sentiment de déjà vu.