Va, vis et deviens

Va, vis et deviens
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Va, vis et deviens
France, 2004
De Radu Mihaileanu
Scénario : Alain-Michel Blanc, Radu Mihaileanu
Avec : Mosche Abebe, Yaël Abecassis, Moshe Agazai, Roni Hadar, Sirak M. Sabahat, Roschdy Zem
Durée : 2h20
Sortie : 30/03/2005
Note FilmDeCulte : ***---

En 1984, des milliers d'Africains de 26 pays frappés par la famine se retrouvent dans des camps au Soudan. A l'initiative d'Israël et des Etats-Unis, une vaste action, l’Opération Moïse, est menée pour emmener des milliers de Juifs éthiopiens vers Israël. La mère de Schlomo, chrétienne, donc condamnée à rester au pays, dans un geste sacrificiel, ordonne à son fils de se faire passer pour Juif, afin d’échapper à la famine et à la misère. Séparé de sa mère, le jeune garçon jure cependant de revenir la chercher, une fois qu’il sera devenu quelqu’un.

PROMENE-TOI DONC PIEDS NUS

Nanti d’une bande-annonce lourdaude parmi les plus décourageantes qui soient, Va, vis et deviens s’annonçait comme une pénible épreuve didactique de deux heures vingt, grande fresque aux sentiments tout aussi amples, pour bonne conscience épanchée et personnages beaux comme des camions, dehors comme dedans. Ce que, au final, il n’est qu’à moitié. D’abord, c’est même là sa grande force, c’est le bon timing de son sujet qui en premier lieu le sauve: rappeler l’existence des Falashas, ces Juifs éthiopiens, en pleine période de folie comparative ethnique de la mémoire des génocides, relève, et c’est heureux, un brin le débat. Evidemment, sur un tel thème, casse-gueule comme une gigantesque peau de banane, il n’y a position confortable que dans l’aseptisation. Ce à quoi s’adonne sans inhibition un Radu Mihaileanu apparemment très à l’aise avec son sujet. C’est, paradoxalement, cette décontraction relativement inoffensive qui, faisant échapper le film à un hypothétique statut de pamphlet, permet au grandiloquent Va, vis et deviens de se laisser regarder sans ennui, un vague sourire semi-somnolent aux lèvres.

JOLI PAPA, JOLIE MAMAN

La première partie, notamment, dépeignant l’arrivée du jeune Schlomo à Israël, refusant son sort, se promenant pieds nus, filant à l’aveuglette, drap sur les épaules, vers un incertain horizon soudanais, fonctionne mieux que prévu, tournant autour du pathos sans y faire jamais vraiment arrêt. De même, son arrivée dans sa famille adoptive (joli papa Zem, dans une composition plus effacée qu’à l’accoutumée, et surtout jolie maman Abecassis, étonnamment convaincante), partagée entre rejet de l’étranger, étonnement pour l’inconnu, intérêt pour une inconnue, certes programmatique et démonstrative (Abecassis léchant la peau de Schlomo en public pour prouver qu’il ne trimbale pas de maladies tropicales…), coule sans trop d’accroc. C’est d’ailleurs le lot commun de l’ensemble du métrage que de glisser sans heurt. Chaque coup est prévisible, chaque étape dans la narration évidente. Trop, assurément. La dernière partie, notamment, après une adolescence déjà fort terne même si souvent graphiquement soignée, sombre dans un happy end amoureux artificiel, convenu et surligné. Quand il ne vire pas tout simplement au ridicule, à l’image d’un plan final pataud et risible.

par Guillaume Massart

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Va, vis et deviens a été couronné des Prix du Public, Prix Œcuménique et Prix Label Europa Cinemas au Festival de Berlin 2005.

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