Va savoir
France, 2001
De Jacques Rivette
Scénario : Pascal Bonitzer, Jacques Rivette
Avec : Jeanne Balibar, Marianne Basler, Jacques Bonnaffe, Sergio Castellitto, Hélène de Fougerolles
Durée : 2h34
Sortie : 10/10/2001
Le dernier film de Jacques Rivette est déprimant au plus haut point. Déprimant parce que durant toute la durée du métrage, on ne peut s'empêcher de penser que l'on ne sera jamais aussi jeune que Rivette au même âge. Parce que le cinéaste témoigne d'une jeunesse d'esprit incroyable et unique, tellement plus vivifiante que tous les effets numériques de n'importe quel Vidocq. Cela ne veut pas pour autant dire que Va savoir est un film parfaitement réussi. Loin de là. Trop long, le film n'est malheureusement pas aussi intéressant que le pourtant doublement plus éprouvant Jeanne la pucelle. Une sorte de chassé-croisé amoureux entre trentenaires de cultures et d'origines différentes, dans lequel Jeanne Balibar (La Comédie de l'innocence) se révèle incroyablement douée pour la comédie et le badinage (quoique nous n'en avions jamais douté). Recherchant son amour de jeunesse, parlant systématiquement toute seule, maniant l'italien aussi bien que le français, elle joue avec le spectateur et, plus surprenant, avec la caméra, qui ne cesse de virevolter autour d'elle, ou au contraire, de la scruter fixement
Bien que bourré de talent, Rivette n'est pas aussi à l'aise justement pour le badinage que, par exemple, pour la vampirisation du modèle par le peintre (La Belle Noiseuse, qui restera probablement son chef d'oeuvre). Là où Rohmer (L'Anglaise et le duc) aurait fait un film limpide de moins d'1h30, Rivette se perd légèrement dans une histoire qu'il maîtrise mal. Informe, peu linéaire et surtout peu homogène, le récit ressemble à celui de plusieurs épisodes de série mis bout à bout, la qualité en plus. Sans pour autant être un faux pas dans la carrière du cinéaste, Va savoir déçoit pourtant quelque peu. On attendait mieux de la vision de l'amour que pouvait avoir Jacques Rivette. Son éloge de l'amour n'a pas la finesse et la pertinence de celle de Godard.