Us
États-Unis, 2019
De Jordan Peele
Scénario : Jordan Peele
Avec : Lupita Nyong'o
Photo : Mike Gioulakis
Musique : Michael Abels
Durée : 1h56
Sortie : 20/03/2019
De retour dans sa maison d’enfance, à Santa Cruz sur la côte Californienne, Adelaïde Wilson a décidé de passer des vacances de rêves avec son mari Gabe et leurs deux enfants : Zora et Jason. Un traumatisme aussi mystérieux qu’irrésolu refait surface suite à une série d’étranges coïncidences qui déclenchent la paranoïa de cette mère de famille de plus en plus persuadée qu’un terrible malheur va s’abattre sur ceux qu’elle aime. Après une journée tendue à la plage avec leurs amis les Tyler, les Wilson rentrent enfin à la maison où ils découvrent quatre personnes se tenant la main dans leur allée. Ils vont alors affronter le plus terrifiant et inattendu des adversaires : leurs propres doubles.
CIVIL WAR
Évacuons tout non-suspense, le titre signifie "nous" mais renvoie évidemment à "U.S." donc les États-Unis et il y a une réplique encore plus grossière dans le film pour souligner la métaphore. Toutefois, derrière ces quelques errements didactiques superflus, comme un monologue final qui semble avoir été ajouté afin d'expliciter certains aspects de l'univers (et qui engendre en fait davantage de questions vis-à-vis d'une "mythologie" qui ne semble pas tenir bien debout), le deuxième long métrage de Jordan Peele confirme le goût du cinéaste pour un cinéma d'horreur politique intéressant. Après son Femmes de Stepford à la sauce Black Lives Matter évoquant entre autres racisme ordinaire et appropriation culturelle, Peele abandonne tout aspect satirique - malgré quelques changements tonals assumés - pour de l'horreur pure, jouant avec les sous-genres comme le home invasion, mais animée par une parabole sur l'Amérique haineuse d'aujourd'hui et notamment sur la lutte des classes. En effet, cette histoire de doubles maléfiques propose une allégorie d'un pays divisé entre "des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien", faisant flotter le spectre de l'esclavagisme sur la vie de cette famille noire relativement aisée qui, quand il s'agit de faire une blague sur un potentiel croque-mitaine devant la maison, prétend que "c'est O.J.". Néanmoins, malgré quelques fulgurances indéniables, notamment dans son dernier tiers, le film peine à incarner son discours de façon engageante dans son récit somme toute répétitif et prévisible. On sentait déjà dans Get Out l'influence de La Quatrième dimension, une série que Peele vient de rebooter, et c'est encore plus visible dans Us qui sent parfois l'épisode étiré, écrit juste pour telle idée ou telle scène mais où la sauce ne prend jamais vraiment et le résultat n'est jamais aussi convaincant que l'excellente performance de Lupita Nyong'o.