Upgrade
États-Unis, 2018
De Leigh Whannell
Scénario : Leigh Whannell
Avec : Logan Marshall-Green
Durée : 1h35
Sortie : 03/10/2018
Après la mort de son épouse lors d'une violente agression qui l'a laissé paralysé, Grey Trace est approché par un inventeur milliardaire qui propose de lui administrer un remède expérimental qui va "upgrader" son corps et ses facultés. Désormais doté d'un implant fonctionnant à l'intelligence artificielle, Grey voit ses capacités physiques décuplées et se lance dans une mission vengeresse, afin de faire payer ceux qui ont tué sa femme.
OK GOOGLE...DÉFONCE-LE
Précédé d'une réputation flatteuse, Upgrade parvient à éviter la case "e-cinéma" (lol, vous vous rappelez?) pour une sortie totalement méritée car la réputation n'est pas mensongère : Upgrade est une petite bombe de série B. Passée une caractérisation sommaire du personnage principal comme technophobe de base et la sempiternelle exposition du petit couple heureux avant le drame, temps de récit dont le scénario profite pour présenter un univers futuriste proche et tangible, Upgrade rappelle les films de genre des débuts de David Cronenberg, notamment dans le body horror et le rapport à la technologie, mais updatée pour la génération "Ok Google", comme un Black Mirror burné, moins dans la dénonciation hautaine que le film d'exploitation vénère. En plus de Cronenberg, Upgrade évoque également le cinéma de Paul Verhoeven. Sans pour autant verser dans la satire, le film est empreint d'humour, notamment dans la relation entre le protagoniste et la voix dans sa tête, et fait montre d'un goût pour la violence graphique que Whannell semble avoir ramené avec lui du cinéma d'horreur dont il provient (Saw, Dead Silence, Insidious, c'est lui).
La différence avec un Robocop, c'est que le héros est ici un quidam. Et même quand il passe en mode Un justicier dans la ville, il n'a rien d'un Charles Bronson. L'humour qui naît du décalage entre l'amateurisme du personnage et les prouesses que son IA accomplit pour lui et le quota choc des exécutions sont donc parfaitement justifiées en plus d'être résolument jubilatoires pour le spectateur, exploitant pleinement le caractère exutoire de ce type d'histoires de vigilante. C'est presque une origin story de super-héros dark. D'ailleurs, nombreux sont ceux à avoir noté les similitudes entre Upgrade et le futur Venom, qui va très probablement faire 1000 fois moins bien avec 20 fois plus de budget. À l'inverse d'un Neill Blomkamp sur Chappie, Whannell sait doser l'importance de ses influences de manière à ne pas crouler sous les références ou à tomber dans de la copie. Tour à tour inventif et badass, Upgrade dépasse ainsi sa trame somme toute classique et si le déroulement en soi ne propose pas foncièrement de surprises, la conclusion parvient à étonner tout en étant parfaitement cohérente et aussi jouissive que le reste.