Une vie toute neuve

Une vie toute neuve
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Une vie toute neuve
Yeohaengja
Corée du Sud, 2009
De Ounie Lecomte
Scénario : Ounie Lecomte
Avec : Sae Ron Kim
Photo : Hyun Seok Kim
Durée : 1h32
Sortie : 06/01/2010
Note FilmDeCulte : *****-
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Séoul, 1975. Jinhee a 9 ans. Son père la place dans un orphelinat tenu par des Soeurs catholiques. Commence alors l'épreuve de la séparation et la longue attente d'une nouvelle famille. Au fil des saisons, les départs des enfants adoptées laissent entrevoir une part du rêve, mais brisent aussi les amitiés à peine nées. Jinhee résiste, car elle sait que la promesse d'une vie toute neuve la séparera à jamais de ceux qu'elle aime.

DE BEAUX LENDEMAINS

Depuis maintenant une dizaine d'années, la Corée est un peu la it girl de la carte mondiale du cinéma: boom de la production, boom de la fréquentation, boom de l'export, boom en festival et l'appétit semble insatiable. Pourtant, force est de constater que la source s'est peut-être un peu tarie ces derniers mois, voire dernières années. Les mêmes noms reviennent, parfois tournent en rond, et hormis quelques révélations (cette année The Chaser, premier film ultra efficace réalisé comme en écho au polar virtuose Memories of Murder), côté jeunes réalisateurs, on a surtout assisté à une multiplication de recettes un peu identiques. Les quotas nationaux, l'une des multiples clefs de la renaissance du cinéma local, imposent aussi cette course au profit qui semble avoir laissé moins de place, ces derniers temps, à l'expérimentation. Quelques raisons de rester optimiste néanmoins: après une inquiétante crise d'inspiration, l'une des figures majeures du renouveau au pays du matin calme, Park Chan-wook, est revenu à son meilleur avec Thirst, récompensé au dernier Festival de Cannes. Sur la croisette également, on a découvert une nouvelle cinéaste qui se situe un peu aux antipodes du cinéma bruyant de Park Chan-wook. Jeune protégée de Lee Chang-dong (Oasis et Secret Sunshine), qui a produit le film et lustré son scénario, Ounie Lecomte, Coréenne adoptée par des parents français, s'est en partie inspirée de son expérience pour son film.

Et l'apport du parrain Lee Chang-dong se sent car le long métrage évite pas mal de pièges du mélo-à-la-coréenne: Lecomte ne force pas le trait de ses personnages (le père n'a pas de visage car il n'a pas de réponse, les bonnes soeurs ne sont pas des goules de Belzébuth, tout au plus quelques âmes charitables qui donnent un baton à une gamine pour qu'elle passe sa peine dessus), se débarrasse des sanglots longs des violons de Séoul (le film est d'ailleurs très silencieux, un silence comme hébété qui colle parfaitement à ce qu'il raconte), et la recette sensible marche. Car même taille mini, Une vie toute neuve, malgré son titre de téléfilm du coeur de France 2, parvient à toucher avec ce portrait d'une gamine abandonnée sans plus d'explications, poupée à robe rose mais prête à s'enterrer pour ne plus rien entendre. La grosse réussite du film réside également soit dans sa direction d'acteur, soit dans le talent de la jeune actrice - soit les deux: Sae Ron Kim, baby superstar, est assez stupéfiante, aussi bien en rayon lumineux qu'en caillou de rancoeur ou nuage de tristesse. Présenté hors compétition à Cannes alors qu'il avait les épaules pour la catégorie supérieure, Une vie toute neuve est une toute petite chose remplie de promesses.

par Nicolas Bardot

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