Une intime conviction

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Une intime conviction
France, 2019
De Antoine Raimbault
Scénario : Isabelle Lazard, Antoine Raimbault
Avec : Marina Foïs, Olivier Gourmet, Laurent Lucas
Photo : Pierre Cottereau
Musique : Grégoire Auger
Durée : 1h50
Sortie : 06/02/2019
Note FilmDeCulte : ****--
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Depuis que Nora a assisté au procès de Jacques Viguier, accusé du meurtre de sa femme, elle est persuadée de son innocence. Craignant une erreur judiciaire, elle convainc un ténor du barreau de le défendre pour son second procès, en appel. Ensemble, ils vont mener un combat acharné contre l'injustice. Mais alors que l’étau se resserre autour de celui que tous accusent, la quête de vérité de Nora vire à l’obsession.

JACQUES M'A TUER

Un genre délaissé en France: le film de procès. Voilà à quoi Antoine Raimbault s’attaque pour son premier long-métrage, inspiré par une affaire judiciaire qu’il a suivi aux premières loges. Pour décortiquer l’accusation contre Jacques Viguier (un Laurent Lucas minéral et effacé, presque muet), accusé d’avoir tué son épouse dont le corps n’a jamais été retrouvé, Raimbault adopte le point de vue d’un personnage fictif, Nora (Marina Foïs, très bien). Cette proche de la famille veut à tout prix que le doute bénéficie à l’accusé – quitte à troquer elle-même le doute pour les certitudes. Un questionnement moral classique pour un film judiciaire, mais qui est ici transcendé par la richesse des rebondissements (aucun scénariste n’aurait osé inventer le personnage de l’amant de la victime, un génial Philippe Uchan) et la sécheresse des partis-pris, en mise en scène comme en montage. Le réalisateur ose le procedural et respecte la vérité des assises telles qu’on les connait en France avec une rigueur de point de vue admirable. En collant aux basques de Nora et d’Eric Dupont-Moretti (Olivier Gourmet, parfait en grizzly doux), il fait fi des flash-backs pour se focaliser sur la vérité kaléidoscopique des témoins à la barre. Dans un monde de polars tièdes, où les producteurs et financiers n’ont pour réflexes pavloviens que de décréter que les films-dossiers "sont trop sur les faits" ou feraient "un bon téléfilm", Raimbault assume un film de cinéma verbeux et méticuleux et, fort de son passé de monteur, le rend trépidant grâce à son sens de la précision, de la fluidité et du rythme.

par Liam Engle

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