Une femme iranienne
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Aynehaye Rooberoo
Iran, 2011
De Negar Azarbayjani
Scénario : Negar Azarbayjani
Durée : 1h42
Sortie : 13/05/2015
Bien que Rana soit une femme traditionnelle, elle est forcée de conduire un taxi à l'insu de sa famille pour rembourser la dette qui empêche son mari de sortir de prison. Par chance, elle rencontre la riche et rebelle Adineh, désespérément en attente d’un passeport pour quitter le pays et ainsi échapper à un mariage forcé. Les deux femmes vont s’aider mutuellement, mais Rana ignore qu’Adineh cache un lourd secret…
CHACUN SA ROUTE
Hasard des calendriers, Une femme iranienne arrive dans les salles françaises quelques semaines après un autre film de « taxi iranien » : Taxi Téhéran de Jafar Panahi qui caracole actuellement au box-office. Hasard, vraiment ? La voiture a souvent servi de procédé narratif dans le cinéma iranien, qu’il s’agisse de la voiture-lieu de résistance dans Ten d’Abbas Kiarostami ou du taxi de Panahi qui semble effectuer un long mouvement de caméra dans la société mais aussi un panoramique amoureux du cinéma. La voiture/taxi est même devenue un gimmick chez des admirateurs-copistes comme Parviz Shahbazi (Trapped) ou Morteza Farshbaf (Querelles). Une femme iranienne se distingue de ces derniers films et son chemin symbolique est simple et limpide : les deux héroïnes s’embarquent pour un voyage au-delà des normes sociales.
Pour sa première réalisation, l’Iranienne Negar Azarbayjani s’attache au quotidien le plus trivial et s’inscrit dans une réalité de tous les jours : on y dépiaute distraitement un Twix tandis que l’autoradio de la voiture diffuse une reprise d’Un-Break My Heart. Azarbayjani décrit les difficultés de Rana, une femme qui conduit un taxi et qui ne doit pas seulement faire face à la violence des hommes mais aussi à la misogynie des femmes. Sa passagère, Adineh (incarnée par la charismatique et impressionnante Shayesteh Irani qu’on avait déjà pu remarquer chez Panahi dans Hors jeu), suit un parcours encore plus hors-normes : transgenre, elle souhaite devenir un homme.
On sent venir le film-thèse et le dolorisme, mais Negar Azarbayjani déjoue les pièges avec habileté. Son sujet est fort, son écriture n’a pas besoin d’avoir la main lourde. La modestie d’Une femme iranienne est un atout, et fait quelque peu oublier une forme un peu (trop) brute. Le titre français ressemble à première vue à ces portraits de femmes world interchangeables – il apporte au contraire un twist bienvenu à ces collections de portrait-de-femmes-dignes. Sensible et délicat, Une femme iranienne est plus surprenant que cela.
