Une femme coréenne
Baramnan gajok
Corée du Sud, 2004
De Im Sang-Soo
Scénario : Im Sang-Soo
Avec : Kim Inmun, Jang Jun-Young, Hwang Jung-Min, Baek Jung-Rim, Moon So-ri, Bong Tae-Kyu, Yun Yeo-Jung
Photo : Kim Woo-Hyunh
Musique : Kim Hong-Jeab
Durée : 1h47
Sortie : 30/03/2005
Une mère au foyer insatisfaite se laisse séduire par un étudiant, tandis que son mari la trompe assidûment avec une inconnue.
LA FEMME EST L'AVENIR DE L'HOMME
Im Sang-Soo a beau exalter la jouissance féminine, ses muses dispersées se tiennent à distance et ses ogres patauds perdent vite contenance. Qu'elle soit ménagère, maîtresse, secrétaire ou veuve, la femme coréenne est une mangeuse d'hommes à la sexualité libérée mais trop souvent flouée. Lucide, terre à terre, fermement attachée au présent, cette femme ne diffère en rien des archétypes occidentaux et sa quête de l'harmonie passe par une prise de pouvoir par la chair et les mots. Dans Une femme coréenne, les héroïnes ne mentent pas. Elles n'ont plus la force de gémir et sont même incapables de voiler leurs duperies. L'enfant sait qu'il est adopté, le mourant ne se fait aucune illusion sur les aspirations de son épouse. Avocat, étudiant, escroc ou ivrogne, l'homme est un grand ignorant, veule et lâche. La guerre des sexes ne soulève que de la poussière et Im, en déconstruisant ses historiettes inégales, perd de vue son sujet le plus piquant. Un seul couple sauve la mise (la mère au foyer et le gentil benêt impulsif), tous les autres oscillent entre le quelconque et le saugrenu. Les coucheries du mari impuissant succèdent à des sous-intrigues de chantages assez vains et des veillées mortuaires qui frôlent le mauvais goût. S'il est question de jouissance et que le film n'est pas avare de friponneries (parfois réussies), Im ne reste jamais bien longtemps avec ces femmes dont il traque obstinément le désir. La durée et l'émotion sont interdites, les raccourcis grossiers. Surtout pas de sentimentalisme, seulement les faits alambiqués. L'image la plus marquante serait sans doute celle d'une femme nue s'étirant dans la pénombre, le corps libre et insolent.
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Présenté en compétition officielle à la 60ème Mostra de Venise, Une femme coréenne a reçu le Lotus d'or 2004 au Festival du Film Asiatique de Deauville.